Trente mélodies populaires de Basse-Bretagne (1931)/a-bezh
Skrid a-bezh
- Mélodies Populaires
de Basse-Bretagne
Nous publions ici, sans les accompagnements et sans la préface, l’ouvrage très connu “Trente Mélodies Populaires de Basse-Bretagne” recueillies et harmonisées par Bourgault-Ducoudray, avec traduction française en vers par Fr. Coppée.
Nous avons pensé que cette édition réduite faciliterait la diffusion de ces belles mélodies dans tous les milieux.
Et afin d’y interesser plus specialement les Celtisants, nous avons chargé le barde E. Cueff, l’un des meilleurs interprêtes actuels de Chants Celtiques, d’en faire réviser le texte breton.
Paroles françaises, paroles bretonnes, musique, tout sera donc bien au point, dans ce petit volume.
Pour les musiciens qui s’intéressent tout spécialement à ces œuvres, nous croyons bien faire en leur recommandant de lire la très belle préface que Bourgault-Ducoudray a écrite en tête de son recueil avec accompagnement de piano, où en quelques pages magistralement traitées il analyse ces belles mélodies bretonnes, et en donne l’historique.
Enfin nous signalons aux professeurs de musique ou aux instituteurs que ces chants existent séparément, de façon que ceux convenant spécialement à la jeunesse soient mis à leur disposition.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I
Ma douce Annette, par ce beau soir,
Viens sur la lande nous asseoir,
C’est le printemps, et dans l’ajonc fleuri
Les oiseaux font déjà leur nid.
Ma douce Annette, par ce beau soir,
Viens sur la lande nous asseoir.
II
Mon ami Pierre, laisse ma main,
Je ferai seule le chemin.
Nul ne prend garde aux oiseaux du bon Dieu,
Mais l’on médit des amoureux.
Mon ami Pierre, laisse ma main,
Je ferai seule le chemin.
Per |
Oh ! deuit ganen, va dous Annaïg, |
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Cette poétique mélodie est dans le mode hypodorien. La couleur agreste, le caractère de calme et de sérénité qui la distinguent ne sauraient être exprimés à un aussi haut degré par le mode mineur.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Pa strinkan had a verniou
II Er bloaz a zeu’ vo bara
III Va c’huezen a ruilh founnus
|
I
Quand je sème à main pleine,
Sous le grand ciel d’hiver,
J’ai d’un côté la plaine,
De l’autre j’ai la mer !
J’ai d’un côté la plaine,
De l’autre j’ai la mer !
II
Pour l’an prochain je donne
Du pain à trois hameaux,
Tout en faisant l’aumône
A cent petits oiseaux
III
Sous la bise glacée
Je sue en cheminant ;
C’est la bonne rosée
Pour féconder mon champ
IV
Quand je sème à main pleine
Sous le grand ciel d’hiver
J’ai d’un côté la plaine
De l’autre côté la mer !
Le mode hypophrygien dans lequel est construite cette mélodie se distingue du majeur en ce que son caractère expressif a quelque chose de plus contemplatif et de plus inspiré. Le majeur dans sa terminaison présente toujours un sens fini ; l’hypophrygien, dépourvu de note sensible, ne conclut pas. Son sens reste comme suspendu ; par cela mème il se prête mieux que le majeur à l’expression de l’illimité et de l’infini.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Pebeuz kelou, siwaz, va Doue ! II Dre ama kement park a welan III Kenavo brema da virviken, |
I
O mon Dieu ! la triste nouvelle,
Tout a l’heure j’ai reçue !
Mon amour, ma douce amie,
Je ne l’aurai jamais plus !
Ma maitresse se marie
Que j’aimais si tendre.ment.
Hélas ! hélas ! ah ! quand j’y pense,
De douleur mon cœur se fend.
II
Par ici tout me parle d’elle
Et tout me fait mal â voir.
J’ai senti mes yeux pleins de larmes
En passant près du lavoir.
Je ne peux plus voir la lande
Où tous deux avons passé.
Hélas ! hèlas ! et l’aubépine
A l’odeur de son baiser.
III
Bonnes gens et vous, gens de marque
De la paroisse de Plestin
Adieu donc, trop lourde est ma peine
Je m’en vais plein de chagrin
Afin qu’il me la rappelle
J’ai coupé le genêt d’or.
Hélas ! hélas ! pour qu’il demeure
Sur mon cœur jusqu’â la mort.
Cette mélodie est dans le mode mineur. Au point de vue du rythme elle offre ceci de remarquable que sur les quatre membres de phrases dont elle se compose, il y a trois membres de cinq mesures.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I
Kaerra hini zo er bed II
Da frealzi an ene |
I
Quand jeunesse vient d’éclore,
Elle est comme un beau bouquet,
Quand jeunesse vient d’éclore,
Elle est commne un beau bouquet.
Elle estcomme un beau bouquet.
L’âge bientôt arrivera, O ié
tra la la la di ra la di ra
Elle se flétrira, Mais pas encore.
II
La jeunesse dans sa grâce
Est comme un bouguet d’un jour,
Est comme un bouquet d’un jour
Quand le moins on y songera,
O ié tra la la la dira la dira
Elle s’effeuillera
Au vent qui passe.
La première partie de cette mélodie est dans le mode hypolydien avec terminaison sur la médiante (variété syntono-lydienne).
Dans la seconde partie, quand apparaît l’ut naturel, la mélodie change de mode et sa terminaison se fait une quinte au-dessous sous une tonique hypodorienne. Il est à remarquer que dans le deuxième membre de cette seconde période, l’ut dièse reparaît : cette note étrangère au mode hypodorien produit une modulation passagère et un rappel de la modalité hypolydienne qui donne à la conclusion une grande impression de fraîcheur.
Si on analyse cette mélodie au point de vue rythmique, on rencontre dans la première partie deux phrases de six mesures qui se décomposent chacune en deux membres de trois mesures ; le deuxième membre de la seconde phrase se répète deux fois. La seconde période se compose de deux phrases : l’une de sept mesures, l’autre de six mesures.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
Quand une fille se marie
Elle ne sait ce qui l’attend
Pleure ma camarade, pleure ton beau printemps (bis)
On croit que l’or tombe des arbr’
Et que les feuilles sont d’argent
Pleure ma camarade, pleure ton beau printemps (bis)
J’ai su depuis qu’on se condamne
A travailler bien rudement
Pleure ma camarade, pleure ton beau printemps (bis)
Je sais qu’il faut recevoir même
Un coup de pied de temps en temps
Pleure ma camarade, pleure ton beau printemps (bis)
Qu’il faut filer sa quenouillée
Et de son pied bercer l’enfant
Pleure ma camarade, pleure ton beau printemps (bis)
Et s’en aller, qu’il pleuve ou gèle
Avec les linges a l’étang
Pleure ma camarade, pleure ton beau printemps (bis)
I
(Diskan) Ah ! pebeuz tristidigez ! Ah ! pebeuz kalounad ! II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
|
La première phrase de cette chanson est construite dans le premier mode du plain-chant avec si naturel (mode de l’Ave maris Stella),
La seconde phrase, servant de refrain, dans laquelle apparaît le si bémol, est dans le mode hypodorien.
Cette mélodie, qui est composée de deux phrases de six mesures, a un grand caractère ; le refrain surtout présente dans sa concision, une intensité d’expression remarquable.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I
II Savet eo d’eur boutaouer-koad III Eul lochennig a zo toet IV Erru Marjân da gass meren : V — It doun er c’hoad, va berjelen, VI Ha c’hui glevo gant plijadur VII Deut’ta, Marjan, rag me meuz naoun VIII Deut’ta, Marjan, sec’hed emeuz ; IX Ar boutaouer var e labour X Disul pa zaïmp d’an ofern-bred XI Gant bep seurt gwin ha ruz ha guen XII Ha da bardaez o tont d’ar gêr |
I
Ecoutez, amis, écoutez,
(Choeur). Tranlardireno
Un sône tout frais composé
(Choeur) Tranlardira lan la
Tranlardireno
II
C’est un sabotier qui l’a fait,
Tranlardireno
Et qui loge dans la forêt,
Tranlardira lan la, tranlardireno
III
La fumée noircit les parois tr…
De sa cabane au fond des bois tr…
IV
Et elle est toute tapissée tr…
Par les cheveux des araignées tr…
V
« Comment lui porter son diner ? tr…
Je ne sais chemin ni sentier » tr…
VI
« Bonne femme passez par lâ, tr…
De loin sa scie vous guidera. tr…
VII
Sa scie, sa hache et son paroir tr…
Qui font bravement leur devoir. » tr…
VIII
Le sabotier est â siffler tr…
Avec son chapeau de côté tr…
IX
« Qu’apportes-tu pour le diner tr…
Que je l’aide à te décharger ? tr…
X
Je n’ai pu l’apporter ce soir tr…
Qu’une galette de blé noir. » tr…
XI
Nous serons plus riches bientôt tr…
Quand j’aurai vendu mes sabots tr…
XII
Ma douce, et dimanche prochain tr…
Nous aurons du lard et du vin tr…
Cette chanson de danse, qui est dans le mode majeur, présente une construction rythmique dont on trouve de fréquents exemples dans l’antiquité. Des cinq membres de deux mesures qui la composent, le
premier et le second, en s’appariant, répondent symétriquement au quatrième et au cinquième, également
appariés ; tandis que le troisième membre, dépourvu de pendant, n’en trouve aucun auquel il puisse s’unir.
Ce membre « célibataire » s’appelait chez les anciens mesodicon, et la strophe qui le renfermait portait le nom de période mésodique.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I
« A Saint-Michel en Grève
Mon fils esi engagé ;
Je fus au capitaine
Pour le lui demander, »
« Mon vieux, c’est impossible,
C’est mon meilleur soldat ;
Il a touché la somme,
Je ne le rendrai pas. »
II
« Oiseau de ma muraille,
Va-t’en vers mon enfant
Savoir s’il est en vie,
S’il est au régiment. »
— « Bonjour, petit Sylvestre ! »
— « Bonjour, petit oiseau.
Va dire à mon vieux père
Que je reviens bientôt. »
III
Le vieux bonhomme pleure,
Couché dans son grand lit ;
Au loin les filles chantent.
La chanson de son fils
Le soldat sur la porte
L’écoute avec amour
— « Ne pleure pas mon père,
Sylvestre est de retour. »
I Etre chapel Sant Efflam ha tosen Mene-Bre II « Siouaz, aotrou kabiten, meuz ken mab nemetan, III A berz an tad glac’haret, var dachen ar vrezel, IV — Disken ’ta, labous bihan, disken var da zaou droad, V Au tad bemnoz ha bemdez ne baouez da zonjal VI Pa voa an tad glac’haret oc’h ober e glemmou, |
Cette belle mélodie, qui est dans le mode mineur, n’est pas sans intérêt, au point de vue rythmique.
Le repos régulier que fait le chanteur â la fin de chaque vers et que nous avons reproduit scrupuleusement, donne â la phrase musicale correspondante une étendue de sept mesures. Chacun de ces membres pourrait être considéré comme formant une grande mesure â 7/2.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
Un jour sur le pont de Tréguier
Landéra lidéré
Un jour sur le pont de Tréguier
Landéra lidéré
J’aperçus une fille, un deux trois délira
Qui s’est mise à pleurer, landèra lidéré.
Ma fille, pourquoi donc pleurer ?
Landéra lidéré
Ma fille, pourquoi donc pleurer ?
Landéra lidéré
Je pleure après ma bague, un deux… etc.
Que j’ai laissé tomber, landéra lidéré.
Et que voudras-tu me donner.
Landéra lidéré
Et que voudras-tu me donner,
Landéra lidéré
Si je te la rapporte ? un deux trois délira
Je te donne un baiser, landéra lidéré.
Au premier coup qu’il a plongé,
Landéra lidéré,
Au premier coup qu’il a plongé,
Landéra lidéré,
Il voit l’anneau qui brille, un deux… etc.
Au second l’a touché, landéra lidéré.
Pour le faire encore plonger,
Landéra lidéré,
Pour le faire encore plonger.
Landéra lidéré,
Elle fait un sourire, un deux trois délira
Il n’a point remonté, landira lidéré.
Le père en train de regarder,
Landéra lidéré,
Le père en train de regarder,
Landéra lidéré.
Etant a sa fenêtre, un deux trois délira
Se met à sangloter, landéra lidéré.
J’avais trois garçons bien plantés,
Landéra lidéré,
Tavais trois garçons bien plantés,
Landéra lidéré.
Et pour la même femme, un deux… etc.
Tous trois se sont noyés, landéra lidéré !
Pa voan var bont an Naonet gai landemoa, libéré, |
Cette chanson est dans le mode majeur, et, chose rare dans les mélodies populaires, sa coupe est parfaitement carrée.
On sera frappé du contraste qui existe entre la gaieté de l’air et la tristesse du sujet.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I
II Piou ’n dije guir da glem dindan ar poaniou garo |
I
Disons le chapelet à genoux sur la terre :
Jésus nous tend les bras du haut de son calvaire
Ici nous avons tous la misère en partage :
Jésus souffrant pour nous, donne nons le courage !
II
Qui donc aurait le droit de haïr sa misère
Devant le fils de Dieu navré sur le calvaire ?
Au sein de la douleur il n’a que patience :
Jésus, mets-nous au cœur l’amour de la souffrance !
Ce beau cantique, empreint à un si haut degré d’un sentiment d’austérité et de « détachement », est dans le mode dorien. Dans la musique grecque, le mode dorien, comme l’ordre dorique en architecture, avait pour caractères distinctifs la fermeté, la sévérité et la sobriété.
Ce mode est basé sur une dominante : aussi sa terminaison ne conclut pas. L’expression vague et indéterminée de la cadence dorienne donne ici à la mélodie un singulier cachet de grandeur.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I
II Seiz lur pemp guenneg ar sac’had (bis) III Diskennet berjelen er vag (bis) IV — Ganeoc’h d’an Indez na zin ket, (bis) V — Berjelen, peuz ket pemzeg vloaz, (bis) |
I
Combien ton blé, beau matelot ? (bis)
Il m’en faudrait quatre boisseaux,
Venturmadirette
Pour mes crêpes de lundi.
Venturmadiri
II
« Pour tous c’est trois livres dix sous ; (bis)
Mais ce sera bien moins pour vous
Venturmadirette
Car vos yeux sont bien jolis. »
Venturmadiri.
III
Quand dans la barque elle est entrée (bis)
Ils ont bien vite appareillé
Venturmadirette
Pour le large ils sont partis
Venturmadiri.
IV
Ma belle enfant, dites moi donc (bis)
Venez avec-nous au Gabon
Venturmadirette
Car le vent nous y conduit
Venturmadiri,
V
Nenni, je ne puis naviguer (bis)
Car j’entends mes enfants crier
Venturmadirette
Et mon dîner n’est pas cuit
Venturmadiri.
VI
« Ma belle, tu n’as pas guinze ans, (bis)
Tu nas pas encore eu d’enfants
Venturmadirette
Et je serai ton mari. »
Venturmadiri.
Cette chanson est construite, comme le n°5, dans le mode de ré (tonique) avec si naturel (transposé d’un demi-ton). Après le retour répété de la dominante qui apparaît comme finale dans les phrases du début, la terminaison sur la tonique est d’un effet piquant et imprévu.
Le mélange de la mesure à deux temps et à trois temps communique au rythme une allure très libre, sans nuire en rien à sa clarté et à son aplomb.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Oll verc’hed ar barrez, ha c’hui ive, pôtred, II Ar bâl ganthi ’n he dorn, e teu dar gêr ar verc’h, III Gant eur vouc’hel e klask laza ’n dorfetourez IV En va bugaleach fur ha santel bepred IV Mevelien ar bourreo var ar blasen zo deut |
I
Filles de la paroisse et vous aussi, garçons,
Tremblez en écoutant la terrible chanson
Au sujet d’une fille
De très bonne famille
Qui, sans le baptiser,
Tua son nouveau-né.
II
Pour rapporter la bêche, elle rentre au logis.
En voyant sa pâleur, son père est tout surpris,
Mais quelle fut sa rage,
Le jour où dans l’herbage,
Il trouva sa jument
Qui déterrait l’enfant.
III
Le père prend sa hache et veut la mettre à mort ;
Mais la fille s’enfuit en emportant le corps.
Au juge, elle déclare
Sa conduite barbare,
Et, montrant son enfant,
Demande un châtiment.
IV
« D’abord je restai sage et vécus saintement,
Mais je fus débauchée à l’âge de seize ans.
Filles bien renommées
N’allez à l’assemblée
Qu’avec vos bons parents
Ou des honnêtes gens ! »
V
Les aides du bourreau déjà sont arrivés ;
Les charges de fagots font frémir les pavés.
« C’est en vain que je pleure.
Dans une demi-heure,
La coupable Manon
Sera cendre et charbon ! »
L’emploi du si naturel dans les deux premières phrases de cette mélodie fait penser tout d’abord qu’elle est construite dans le 1er mode du plain-chant avec si naturel. Mais l’apparition du si bémol dans les phrases
suivantes établit clairement la modalité hypodorienne. Le caractère expressif inhérent à ce mode communique à la mélodie un remarquable cachet de grandeur.
Toutes les phrases qui la composent sont carrées, sauf la dernière qui renferme cinq mesures.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Sonit’ta sonerien, sonit munut ha ge, II Soni’ta sonerien, — sonit munut ha stank (bis) III Sonit’ta sonerien, — sonit munut ha ge, (bis) IV Ar genta bolennad — na vezo ket deoc’h-c’hui V Hag an eil bolennad — d’ho tadou ha mammou VI An drede bolennad — a vo d’ar vignoned VII Goude’vit echui, — ma chom eur banne c’hoaz, |
I
Les époux sont au lit. Sonnez, sonneurs, sonnez ! sonnez, sonneurs, sonnez !
Voilà la soupe au lait qui bout sur le trépied, (bis) Ah ! Ah ! Ah !
II
Mettons-nous sur les bancs, sonnez…
Et marquons la mesure à grands coups de souliers, (bis) Ah ! …
III
Ils voudraient bien dormir, Sonnez, sonneurs…
Servons la soupe au lait aux nouveaux mariés (bis) Ah ! …
IV
Elle prend sa cuillère ; Sonnez, sonneurs…
Le lait passe au travers ; la cuillère est percée (bis) Ah !
V
Lui se sert de ses doigts. Sonnez, sonneurs…
Tous les morceaux de pain par un fil sont liés ! (bis) Ah !
VI
Ils essaieront longtemps, Sonnez, sonneurs…
Nous chanterons ici jusqu’à minuit passé. (bis) Ah ! Ah ! Ah !
Cette chanson a un caractère presque officiel en Bretagne. Elle accompagne la cérémonie burlesque de
la « Soupe au lait » offerte, le soir des noces, par les invités, aux nouveaux mariés. Cet usage, beaucoup moins répandu qu’il ne l’était jadis, subsiste encore aujourd’hui dans quelques localités.
La chanson de la « Soupe au lait » qui est dans le mode majeur, est tout à fait exempte de mélancolie. Si l’on analyse sa construction rythmique, on rencontre au début une phrase musicale d’une mesure répétée trois fois, à laquelle succèdent deux membres de trois mesures.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Jezus peger braz ve
II Berr’kavan an amzer
|
I
Je crois au paradis
Jésus nous l’a promis
J’espère aller un jour
Au glorieux séjour,
II
Je tiens mes yeux ravis
Au ciel, mon vrai pays :
J’y volerai bientôt
Comme un petit oiseau.
III
Je serai délivré
Et je m’élèverai
Plus haut que le soleil,
Que les astres du ciel.
IV
Adieu, pays d’Arvor
Que j’aperçois encor.
Adieu, monde affligé
De deuil et de péché !
V
Je vais connaître enfin
Les saintes et les saints ;
Je uais bientôt les voir
Prêts à me recevoir.
VI
De près j’honorerai
La Vierge sans péché
Et les astres qui font
Couronne sur son front.
VII
La porte s’ouvrira,
Jésus me recevra :
« Fleuris comme un beau lys
Au sein du Paradis !
Ce cantique ravissant dont l’expression a un caractère de pureté angélique, est dans le mode hypodorien. Son rythme est entièrement conforme à la règle de la carrure.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Disul vintin abred varzao, II
III Plac’hig yaouang, perag vouela ? IV Ha me kregi’n he dournig guen : V — Perag kana, va dous Monig ? |
I
Dimanche à l’aube, en me levant,
O ren dren dren ola laritra
O ren dren dren Laridenna
Dans le bois m’en fus chassant Tihoho !
Dans le bois m’en fus chassant, Tihohoho !
II
Bécasse et lièvre allais chassant
O ren dren…
Quand je rencontrais ma mie. Tihoho !
Elle était tout en sanglots. Tihohoho !
III
— Mon cher amour, pourquoi pleurer ? O ren dren…
— Hélas ! je pleure et pleurerai, Tihoho,
Car mon honneur je le perdrais ! » Tihohoho !
IV
Ses deux mains blanches je lui pris, O ren…
Hors du bois je la conduis, Tihoho !
A chanter elle se mit. Tihohoho !
V
— Mon cher amour pourquoi chanter ? O ren…
— « Gaiment je chante et chanterai ; Tihoho !
Car mon honneur je garderai. » Tihohoho !
Cette mélodie, dont la première phrase a dans sa terminaison une saveur hypodorienne, conclut dans le mode majeur ; elle n’en a pas moins un grand caractère. Si l’on analyse sa construction rythmigue, on trouve une période de six mesures, dépourvue de pendant et deux phrases de guatre mesures qui se correspondent.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Ni voa kerzet da redet Mor II Kichen Eusa dre vor diroll III — Didrouz, divonet, diarc’hen, |
I
Nous étions là vingt gâs d’Arzon,
Marins durs à la peine,
Sur un vaisseau de cent canons
Avec Monsieur Duquesne.
Mai au milieu du branle-bas,
et quand le cannon tonne,
Les Arzonnais ne tremblent pas.
Sainte Anne est leur patronne.
II
Après deux mois de grosse mer,
Au fond du Zuiderzée,
Deux Hollandais par le travers
Nous lâchent leur bordée.
Trente sont morts du premier coup,
Chez nous, chez nous, personne !
Les Arzonnais sont tous debout
Saint-Anne est leur patronne.
III
Bonnet en main, marchant nu pieds,
Portant cierges de cire,
Nous venons tous pour t’apporter
Un beau petit navire.
Prends notre hommage auec nos vœux
Sainte-Anne on te le donne
Les Arzonnais tombent joyeux
Aux pieds de leur patronne !
Cet air est un spécimen du mode hypophrygien. On remarquera la modulation passagère produite par la présence du la bémol dans l’avant-dernière phrase. Cette note — 3e degré de l’échelle hypophrygienne (transposée) — qui apparaît tantôt naturelle, tantôt avec un bémol, n’est autre chose que la fameuse corde variante du moyen âge. Elle existait aussi dans l’échelle diatonique connue chez les anciens sous le nom de système immuable.
L’air dont il s’agit se chante très fréquemment en Bretagne, adapté à la chanson des Conscrits de
Plouillau. Comme les paroles de cette chanson, qui est moderne, présentent peu d’intérêt, M. Coppée s’est
inspiré, pour sa poésie, d’une autre chanson plus ancienne, mais moins répandue en Bretagne.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Marc’hadourien Paris, marc’hadourien Roazon II Pa zao Monik ar plac’h d’e grampr da varvailhat, III — Perag’ta hirvoudi, Monik, gwella matez ? IV Vit ar foar ziveza, tri gwaz zo bet lazet V Gwelit brema Monig, o kaerra prinsez Breiz ! |
I
Voyageurs de Paris, Voyageurs de Rouen,
N’allez pas à Carhaix loger au Coq d’Argent.
Iannik le bon garçon y est venu pourtant,
A fait donner l’avoine à son bon cheval blanc
II
Quand Mona la servante à sa chambre a monté,
Iannik le bon garçon s’est mis à badiner ;
Mais quand il lui eut dit gu’il était marié,
La petite Mona s’est mise â soupirer
III
« Ma petite Mona pourquoi faire un soupir ? »
« Marchand, pauvre marchand, ici tu dois mourir
Regarde sous le lit et tu vas bien frémir
En voyant le couteau dont ils vont se servir
IV
A la dernière foire en ont égorgé trois.»
« Ma petite Mona, sauve-moi, sauve-moi !
J’ai trois frères, trois gars solides comme moi.
L’un sera ton mari ; je te laisse le choix. »
V
L’aubergiste à minuit se réveille en sursaut,
Allume la chandelle et prend son grand couteau.
Mais Iannik dans la nuit s’est sauvé par l’enclos,
A pris la fille en croupe et s’enfuit au galop.
VI
C’est la belle Mona qu’il faut voir maintenant
Avec ses bas à jour et ses boucles d’argent.
Elle vient d’épouser le frère du marchand,
Et c’est bien la plus brave au marché de Rouen.
L’air de ce gwerz est dans le mode majeur.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Pa dec’h kwit euz ar c’horf, an Ene lavar’n eur nijal II — Ene kêz ’benn neuze va ludu da netra vo êt |
I
Quand l’âme fuit le corps
Elle murmure en s’envolant :
« Je m’en vais te quitter.
Mon pauvre corps pour bien longtemps,
Nous nous retrouverons au dernier jugement (bis)
II
— Mon âme, en ce temps là,
Ma cendre même aura passé,
— Mon corps, ne doute pas,
Je saurai bien te retrouver.
Dieu qui créa la chair peut la ressusciter ! (bis)
Cette mélodie est dans le mode mineur, qui n’est pas à beaucoup près le mode le plus répandu qu’il y ait en Bretagne. Sa construction rythmique serait tout â fait régulière, sans l’apparition d’une mesure à 9/4 dans la phrase finale.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I C’hui deuio ganen, va mestrez II C’hui deuio ganen, va mestrez III C’hui deuio ganen, va mestrez IV C’hui deuio ganen, va mestrez V C’hui deuio ganen, va mestrez VI C’hui deuio ganen, va mestrez |
I
« Je m’en vais faucher l’avoine,
Ma Louison, viendras-tu pas ?
Avec moi, viendras-tu pas ? »
« Je n’irai pas, mon amoureux,
Dijobidei tra la la la !
Car on ne m’a jamais appris
A faucher la prairie. »
II
« Je m’en vais couper le seigle,
Ma Louison, viendras-tu pas ?
Avec moi viendras-tu pas ? »
« Je n’irai pas mon amoureux
Dijobidei tra la la la !
Car sur le gazon j’ai glissé
A la moisson passée. »
III
« Je m’en vais gauler les pommes,
Ma Louison, viendras-tu pas ?
Avec moi viendras-tu pas ? »
« Je n’irai pas mon amoureux
Dijobidei tra la la la !
Car je n’ai pas mon tablier
Et ma poche est percée. »
IV
« Je m’en vais cueillir les poires,
Ma Louison, viendras-tu pas ?
Avec moi viendras-tu vas ? »
« Je nirai pas mon amoureux,
Dijobidei tra la la la !
Et te dirai toujours nenni,
Je n’en ai point envie.
Ce sône est dans le mode majeur. Son rythme est parfaitement carré sans la répétition du deuxième
membre de deux mesures de la première phrase. C’est un spécimen des chansons de danse de la Cornouailles, chansons très vives et très alertes, dont le caractère est tout opposé à celui qu’on attribue d’ordinaire à la musique bretonne.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Ar c’hloareg a deuz’ a Tremelo II — Perag, soner, seni ar glaz ? III — Perag douar var an arched ? IV Eureujet omp gant hor c’hrouer, |
I
Le clerc devient de Trémélo,
Revient bien vite au grand galop.
Sa mie est tout près du tombeau.
II
« Pourquoi sonner ainsi le glas ? »
« Ta bonne amie est morte, hélas !
On est à l’enterrer là-bas. »
III
« Pourquoi jeter la terre ainsi ?
Le prêtre en a bien assez mis.
Demain je veux ma place ici.
IV
Au ciel nous sommes mariés.
Son lit je n’ai pu partager,
Près d’elle ici je dormirai. »
Cette mélodie, empreinte d’un caractère si profondément douloureux, est dans le 1er mode du plain-chant avec si naturel. Elle se compose de trois membres de phrase dont le premier renferme quatre mesures et les deux autres trois mesures.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Me meus choazet eur vestrez II
Ha c’hoaz al loen kornek III
Staget ouz eur berchen |
I
J’avais pris une maîtresse
Et de bonne maison, Gai !
J’allais commander la messe
Pour nous épouser
Tarik tarik lan la
Je lui croyais du bien. Oh !
Tarik tarik lan la,
Mais elle n’avait rien
II
Je vais la voir un dimanche
Pour faire ma cour, Gai !
N’ai vu qu’une vache blanche
Au ventre efflanqué,
Tarik tarik lon la
La bête ne vaut rien
Oh ! Tarik tarik lon la
Mais elle est au voisin
III
N’ai vu qu’une robe grise
Accrochée au mur. Gai !
Toute pleine de reprises,
Au jupon troué.
Tarik tarik lon la
Mariez-vous, mes vieux.
Oh ! Tarik, tarik lon la,
Mais renseignez-vous mieux !
Cette mélodie est un spécimen des chansons de danse des Côtes-du-Nord. Elle est dans le mode mineur et parfaitement carrée.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Ni ho salud gant karantez II Ra vezo benniget Jezus III Ni ho ped, Mari, gwerc’hez glan |
I
La cloche sonne l’angélus ;
La terre a donc un jour de plus !
Sainte Vierge Marie, « O Pia
A jamais sois bénie. « Ave Maria ! ».
II
On sent la bonne odeur du foin,
L’étoile brille au ciel de Juin.
Sainte-Vierge Marie, « O Pia »
A jamais sois bénie. « Ave Maria ».
Ce cantique, aux paroles duquel un mélange de breton et de latin donne une naïveté charmante, est
dans le mode majeur. Si l’on considère chaque mesure à 6-8 comme la réunion de deux mesures à 3-8, on
trouve que sa composition rythmique renferme deux phrases de cinq mesures (à 3-8) qui se correspondent, et deux membres de sept mesures (à 3-8) également appariés.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Me voa deut beteg aman II Abaoue m’he deus taolet III Ha brema ni zaï en dro |
I
J’avions choisi mes amours
Pour mener la danse ;
Mais elle a d’si biaux atours
J’craignons que l’on commence.
II
Ell’ m’a lancé son regard
Avec complaisance,
Et je m’sentions tout gaillard,
J’voulons que l’on commence.
Cette chanson de Cornouailles est dans le mode phrygien. Le phrygien, comme le dorien, est basé sur une dominante, et sa terminaison, dans laquelle le sens reste suspendu, déroute un peu notre oreille.
Bien qu’elle ait été recueillie à Plestin, cette chanson est originaire de Scrigniac en Cornouailles.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I An eol a zao da doma’r bed II Sourral a reont an aveliou
|
I
Le soleil monte à l’horizon
La caille est dans les blés,
la caille est dans les blés.
Ma Jeanne, écoute ma chanson.
Quel beau temps pour s’aimer ! La la !
Ma Jeanne, écoute ma chanson.
Quel beau temps pour s’aimer !
II
Le vent caresse la moisson ;
Les champs sont embaumés,
Les champs sont embaumés.
Ma Jeanne, écoute ma chanson Quel beau temps pour s’aimer, la la ! |
Bis |
Cette charmante melodie, d’une couleur si agreste et d’un contour si original, est dans le mode hypophrygien. On remarquera la liberté de sa construction rythmique, La première période renferme six mesures distribuées de la manière suivante : un motif rythmique de deux mesures répété deux fois et encadré entre deux motifs d’une mesure qui se font pendant. Les deux dernières périodes sont des phrases de cinq mesures, qui se répondent symétriquement.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Touez an aleg var ribl ar c’houeren II Dour ar wazig en deus kendalc’het |
I
Sous les saules de la rivière
Mona pleure son amant
Ses petits pieds troublant l’eau claire,
Il la laisse, le méchant !
II
Tout a l’heure l’onde agitée
Reprendra son joyeux cours.
Tu resteras l’âme troublée,
Pauvre fille, et pour toujours !
Cette admirable mélodie est dans le premier mode du plain-chant avec si naturel.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Ha penaoz e rin krampoez II Ha p’e gwir ar bleud, siouas ! III Ha p’e gwir gant va dien IV Ha p’e gwir va rozel goz |
I
Mon mari m’a commandé
Allon la digue da allon la
Allon la digue da allon la
Des crèpes pour son dîner.
Mais comment le contenter, commère,
Mais comment le contenter.
II
La poêle est chez le chaudronnier
Allon la digue da allon la, (bis)
La farine à récolter,
Et le beurre est au marché, commère,
Et le beurre est au marché !
Cette chanson, d’une allure franche et naturelle, est dans le mode phrygien. Sa construction rythmique offre un exemple assez remarquable de la division tripartite, chère au tempérament breton. Si l’on l’analyse, on voit qu’elle se compose de deux périodes, composée chacune de trois phrases de trois mesures. D’après notre notation la deuxième phrase de la seconde période renferme quatre mesures au lieu de 3 ; mais la mesure en plus tient ici lieu de point d’orgue et sa présence n’altère en rien la symétrie de la composition rythmique.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Eur c’hemener n’eo ket eun den, II Eur c’hemener n’eo ket eun den III Eur c’hemener n’eo ket eun den |
I
Non le tailleur n’est pas un homme ;
Ce n’est rien q’un tailleur.
Il a peur des coups,
Il taille et coud,
Et s’accroupit sur ses genoux,
Non le tailleur n’est pas un homme ;
Ce n’est rien qu’un tailleur,
ce n’est rien qu’un tailleur !
II
Non le tailleur n’est pas un homme ;
Ce n’est vien qu’un tailleur,
C’est un fainéant,
Trop complaisant,
Quand une fille a des galants.
Non le tailleur nest pas un homme ;
Ce n’est rien qu’un tailleur. (bis)
III
Non le tailleur n’est pas un homme ;
Ce n’est rien qu’un tailleur.
Nous nous amusons
De ses chansons,
Mais cest nous qui les arrosons
Non le tailleur nest pas un homme ;
Ce nest rien qu’un tailleur ! (bis)
Cette chanson se compose de trois membres de phrase : deux membres de quatre mesures et un de six mesures. L’apparition inatendue d’une mesure â 9/8 dans la dernière phrase donne beaucoup de vigueur à la terminaison.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Eun Doue ebken a adori II Ar zuliou santel a viri |
I
Un seul Dieu tu adoreras
Et aimeras parfaitement.
Dien en vain tu ne jureras,
Ni autre chose pareillement.
II
Les Dimanches tu garderas,
En servant Dieu dévotement.
Tes père et mère honoreras,
Afin de vivre longuement.
III
Homicide point ne seras,
De fait, ni volontairement.
Luxurieux point ne seras,
De corps ni de consentement.
IV
Le bien d’autrui tu ne prendras,
Ni retiendras a ton escient.
Faux témoignage ne diras,
Ni mentiras aucunement.
V
l’oeuvre de chair ne désireras,
Qu’en mariage seulement.
Biens d’autrui ne convoiteras,
Pour les avoir injustement.
Cette chanson religieuse nous offre un exemple de la première destination de la poésie chantée chez les peuples primitifs. C’est pour mieux graver dans la mémoire des Bretons les commandements de Dieu que les missionnaires eurent l’idée d’y adapter une mélodie. Celle-ci par la simplicité et la netteté de son contour, convenait admirablement à cette destination. Tout le monde la chante en Bretagne.
Au point de vue de la construction rythmique, elle se compose d’une phrase de trois mesures qui se
répète deux fois, d’une phrase de quatre mesures et du retour de la phrase initiale de trois mesures.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Gant ar vombard hag ar biniou II Deomp dourn ha dourn d’ober dans-tro
|
I
Au son du fifre et du biniou,
S’en va gaîment un long cortège.
Le ciel est bleu, le vent est doux.
Lan dou di di lan dou di da.
Les ponmmiers ont des fleurs de neige.
Le ciel est bleu, le vent est doux.
Lan dou di di lan dou di da.
Les pommiers ont des fleurs de neige.
II
Filles et gars formez un rond
A l’ombre des feuilles nouvelles
Et jusqu’au soir nous tournerons
Landoudidi landoudida !
Comme les vives hirondelles
Cette petite marche, d’une charmante couleur, est dans le premier mode du plain-chant avec si naturel.
Sa construction rythmique nous présente encore un exemple de la période mésodique : on trouve en 1’analysant, un motif de deux mesures dépourvu de pendant, encadré entre deux phrases de 4 mesures qui se correspondent.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
Cette chanson appartient à la classe des chansons de danse alternées qui s’exécutent toujours à deux voix et dans un diapason assez élevé. La présence obligée de deux chanteurs n’a pas pour but de présenter le motif sous forme de duo, mais de rendre la fatigue moins grande en la divisant. Un des chanteurs entonne la première phrase, l’autre lui répond et ainsi de suite. Comme ce dialogue musical ne doit pas apporter la moindre perturbation à l’unité rythmique, chaque chanteur a soin d’attaquer avant le début de sa phrase, les dernières notes de la phrase chantée par son partenaire. Il se produit ainsi à la fin de chaque période un rinforzando résultant de la superposition des deux voix, qui imprime un nouvel élan au chant et à la danse.
L’air de cette chanson sert d’accompagnement à la danse appelée bal.
Nous ne donnons pas la suite des paroles qui dans ce genre de chansons n’ont qu’un intérêt secondaire. On a l’habitude en Bretagne d’appliquer à ces thêmes de danse n’importe quelle poésie dont le rythme s’accorde avec le rythme musical.
Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Ar paour kez Job zo glac’haret II Evit he gwelet a-nevez
III Gwelet a ra e Fantik keaz
IV — Na peden, na iun nag offern
|
I
Ayant perdu son cher amour,
Qu’il voyait nuit et jour,
De désespoir le pauvre amant
Entra dans un couvent,
De désespoir le pauvre amant
Entra dans un couvent.
II
Voulant la voir comme autrefois,
Entendre encor sa voix,
Il se présente à Lucifer,
Pour visiter l’enfer.
bis
III
Il l’aperçoit au sombre lieu,
Sur un siège de feu :
« Puis-je apaiser votre tourment
En jeûnant constamment. »
bis
IV
« Messe, oraisons, rien n’y ferait
Je brûle pour jamais :
Dis à mes soeurs mon sort cruel
Pour un péché mortel. »
bis
Cette mélodie est en mode hypodorien. Sa construction rythmique se compose d’un membre unique
de quatre mesures et de deux phrases appariées de trois mesures. On remarquera que dans chacune de ces
deux tripodies, le premier temps de la seconde mesure est rempli par un groupe de quatre croches. L’uniformité du rythme ternaire de la mesure à 6/8 se trouve ainsi rompue par 1’apparition inattendue de 1’élément binaire.
Ma douce Annette. — Va dous Annaïg.
Le Semeur. — An Ader.
Adieux à la Jeunesse. — Kenavo d’ar yaouankis.
Au son du fifre. — Gant ar vombard hag ar biniou.
Lamentations. — Kaonv d’ar yaouankis.
Le Sabotier. — Ar Boutaouer.
Silvestrik. — Silvestrik.
Un jour sur le pont de Tréguier. — Var bont an naonet.
Le rapt. — Skraperez.
Complainte d’une méchante. — Guerz ar vechantez.
La soupe au lait. — Souben al lez.
Disons le Chapelet. — Lavaromp ar chapeled.
Le Paradis. — Ar Baradoz.
Dimanche a l’aube. — Disul vintin.
Iannik le Bon Garçon. — Yannïg ar "Bon Garçon".
La prière des Arzonnais. — Peden an Arvoriz.
Le départ de l’âme. — Kimiad an Ene.
Sône Cornouaillais. — Eur zon kerné.
O mon Dieu, la triste nouvelle. — Pebeuz kelou.
Le Clerc de Trémélo. — Kloareq Tremelo.
La petite robe. — Ar vrozig ruz.
J’avions choisi mes amours. — Me voa deut beteg aman.
Le soleil monte. — An eol a zao.
Mona. — Mona.
La femme embarrassée. — Ar vaouez tapet mat.
Non, le tailleur n’est pas un homme. — Ar c’hemener.
L’Angélus. — An Anjelus.
Les commandements de Dieu. — Gourc’hemennou doue.
Chanson alternée. — Kanaouen evit dansal.
Celui qui alla voir sa maîtresse en enfer. — Eur weladen en ifern.
Chaque Mélodie, sans accompagnement. . . . . . prix net 1.50
Les trente Mêlodies, sans accompagnement, le recueil . — 10. »
Le recueil avec accompagnement de piano . . . . . — 40. »
Les mélodies précédées d’un astérisque * existent séparées avec accompagnement de piano
Les mélodies précédées d’une croix + existent avec accomt d’orchestre (matériel en location)