Pajenn:Picard - An iliz digor, 1919.djvu/2

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TRADUCTION


L'ÉGLISE OUVERTE


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Un tailleur de Quinoualc’h, en Berrien, allait coudre le long du jour. Quand il rentrait chez lui, ses enfants lui demandaient des pommes et des poires, quelquefois d’autres fruits, selon la saison.

Un jour, il retourna à la maison les poches vides : — « Des pommes, père ! Des pommes ! » crièrent les enfants. — « Taisez-vous, petits enfants, je vais voler un sac pour vous au bourg de La Feuillée ».

Quand il y arriva, il vit le boucher de son pays : « Oh ! tailleur, où vas-tu donc, si tard ? » — « Voler des pommes pour mes enfants. Et toi, boucher ? » — « Puisque tu m’as dit la vérité, je serai franc aussi à ton endroit. J’ai cherché, ce matin, à acheter un petit veau, mais on ne me l’a pas cédé, et maintenant il faut que je le vole. Mes clients tiennent à avoir de la viande… ».

« Bien ! fit le tailleur. Si tu veux nous retournerons ensemble à la maison. Celui qui, le premier, aura l’ait son tour, attendra l’autre sous le porche de l'église ». — « Rien de mieux ! », répondit le boucher.

Le tailleur eut tôt fait son tour. Pour attendre son compatriote, il s’assit sous le porche et il se mit à manger des pommes. Il avait beau attendre, le boucher n’apparaissait pas. Celui-ci, le veau volé, était allé directement à la maison, tant sa bête faisait du bruit en beuglant !

Cependant le tailleur continuait à manger des pommes.

Pendant ce temps-là, le sacristain passait la veillée au presbytère. Avant qu’il n’allât à la maison, le recteur lui demanda