Pajenn:Picard - An iliz digor, 1919.djvu/4

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L’ÉGLISE OUVERTE.

s’il avait fermé à clef la porte de l’église : « Je ne l’ai point fait, répondit le sacristain, mais je la fermerai quand j’irai me coucher ».

Lorsqu’il arriva en face du porche, il entendit mâcher, et il prit peur, et le voilà de retour au presbytère. — « Qu’y a-t-il donc ? fit le recteur ». — « Peur ! Quelqu’un se tient sous le porche ».

Le recteur pria le vicaire d’aller voir avec le sacristain : « Angn ! Angn ! », voilà ce qu’ils entendirent. Et les voilà qui retournent, épouvantés, au presbytère… « Maintenant, sans doute, la porte est fermée à clef ? » — « Non, répondit le vicaire, car moi-même j’ai entendu du bruit, et quel bruit ! » « Angn ! Angn ! » — « Pour moi, je n’osais pas approcher de l’église ». — « Jésus ! alors l’église restera ouverte! Si je n’avais pas été boiteux, je serais allé la fermer ». Le vicaire dit alors au sacristain : « Portez Monsieur le recteur sur votre dos ! » Et sitôt, ces deux-ci se dirigèrent vers l’église.

Ils entendirent le même bruit. « Mon Dieu ! dit le sacristain. » — « Marche toujours ! ordonna le recteur ». Quand ils approchèrent, le tailleur cria : « Voilà le boucher et son veau !… » Et il fit au recteur une pince si cruelle dans le derrière qu’il hurla : « Le diable ! Le diable ! Haro sur le diable ! » Le pauvre sacristain et son fardeau rentrèrent en courant au presbytère.

Depuis, la porte de l’église reste ouverte pendant la nuit.

(Conté par J.-L. Camm, 82 ans, de Kerbérou, en La Feuillée, et recueilli par Ivonig Picard.)