Pajenn:Milin - Penaos karet Jezus-Krist.djvu/8

Eus Wikimammenn
Ar bajenn-mañ n’he deus ket ezhomm da vezañ adlennet.
— VI —

aptitudes… En contact quotidien avec des centaines d’agents et ouvriers de tous les pays et dialectes bretons, il aimait à causer avec eux, à se familiariser avec leurs divers idiômes, dont il notait scrupuleusement les caractères spéciaux et les divergences. Son grand plaisir était de leur faire conter des légendes, chanter des ballades de leurs villages.

Cette spécialité littéraire, et l'activité, l'ardeur qu’y déployait Milin, n’avaient pas échappé à l’investigation des hommes d'étude, plus nombreux, plus sérieux qu'on ne le croit, dans notre bonne Armorique.

M. le vicomte de la Villemarqué, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, M. Levot, bibliothécaire du port de Brest, correspondant de l’Institut, qui furent comme nous, ses amis, appréciaient beaucoup ses premiers travaux, ses patriotiques efforts pour une vulgarisation plus étendue, une plus parfaite correction de la belle langue des ancètres. Aussi, des que germa dans leur pensée le projet d’une association qui, sans prétendre à ressusciter l’ancienne Académie de marine, put manifester une vie studieuse et féconde, le jeune barde celtique, le sévère instituteur breton ne fut-il point oublié. — La fondation de la Société Académique de Brest porte la date du 25 mai 1858 ; la liste de ses 98 fondateurs est en tête du premier volume de ses bulletins, et l’humble écrivain de comptabilité y figure en son rang alphabétique parmi les officiers supérieurs, les magistrats, ingénieurs, médecins, savants et littérateurs distingués.

Dès cette première année (18 février 1859), il est élu membre de la Commission de statistique : il donne une délicate et émouvante poésie sur la mort de Mathurin, le barde aveugle. Matulin ar barz dall. (Bull, tome I. page 103) ; il publie, en collaboration avec M. le colonel Troude, une traduction, en prose bretonne, de l’Imitation de Jésus-Christ. Jezus Skouer ar Gristenien, dont deux éditions sont vite épuisées ; (en voir le savant et