tout rouge et les yeux dardant des éclairs. Le plus hardi parmi
trente-un prêtres, le curé de Quimper, monte le premier dans
la tour, interroge le Démon et lui demande ce qu’il cherche
autour de sa maison. Le rouge esprit répond au curé que son
église est profanée par deux clercs et une fille débauchée dans
la chambre de la Tour, la nuit de Noël. Forcé au nom des
prophètes de dire encore la vérité, il déclare ensuite qu’il faut
empêcher les sonneurs [1] de faire danser, qu’il faut ouvrir à
Quimper une mission préchée par un évêque breton, enfin il
termine en disant que ce qu’il y a de mieux pour éteindre le feu,
c’est du pain de seigle et du lait du sein d’une fille de dix-huit
ans. Voila le résumé de cette légende qui révèle après 244
ans le mystère du drame qui se passa dans la chambre de la
Tour de Plomb, à Quimper, la nuit de Noël de 1620. Ainsi
arrive-t-il souvent dans notre pays : la mémoire du peuple
supplée au silence de l’histoire.
Kenta welaz ann tan enn tour plom
E voe eur bugel oc’h ar vronn,
A lavaraz da Gemperiz :
« Ema ann tan enn hoc’h iliz,
» Ema ann tan enn daou goste,
» Siouaz e-kreiz ema ive. »
Le premier qui vit le feu dans la tour de plomb
Fut un jeune enfant encore au sein ;
Il dit aux habitants de Quimper :
« Le feu est dans votre église,
» Le feu est des deux côtés, hélas !
» Il est aussi au milieu. »
- ↑ Par sonneurs, il faut entendre les joueurs de bombarde et de biniou, instruments qui charment tous les Bretons.