Pajenn:Milin - Hirvoudou, 1856.djvu/4

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(BRETAGNE, POITOU ET ANJOU)


Keit ha ma tiz ann heol,
He sked, he sklerijen
Me gred dre ar bed holl
N’euz den bepred laouen.

Perak ’ta en em glemm ?
Perak ouela bemdez ?
N’euz ket gwall galz a gemm
’Tre pep stad er vuez.

N’eo ket aour nag arc’hant
A garg at c’halounou ;
Iec’hed hep nec’hamant
A dal ann holl vadou.

Hen-nez zo pinvidik,
A ra vel he dadou ;
O vervel reuzeudik,
A hell mont d’ann envou.

Doue a vadelez
Frealzit ann dud vad
Ho deuz poan, paourentez,
Zo braz ho c’halounad.

Selaouit, me ho ped,
Peden al labousik ;
Ho meuli ra bepred
A greiz he galounik.

Astennit he eskel
’Vil ma hello nijal,
Ma hello, ’raok mervel,
Goude ouela, tridal.

’Vit ma hello gwelet
Breiz-Izel, Breiz a dro ;
Gan-e-hoc’h kennerzet,
Mont hep distro d’he vro.

Dira-z-hoc’h, he grouer,
Ma hello, heb anken,
Evel ann alc’houeder,
Kana huel ha laouen :


Aussi loin que le soleil éclaire,
anssi loin que brillent ses rayons,
personne ne peut dire :
Je serai toujours heureux.

Pourquoi se plaindre ?
pourquoi se lamenter sans cesse ?
Le partage n’est pas si inégal
entre les diverses conditions mortelles.

Ce n’est ni l’or ni l’argent
qui rendent les cœurs satisfaits ;
La santé sans inquiétude
vaut tous les trésors.

Celui-là est riche
qui marche sur les traces de ses pères ;
qui, mourant dans l’infortune,
peut aller droit an ciel.

Dieu de bonté, daignez
consoler les gens de bien,
soulager leurs misères et leurs souffrances,
fortifier leurs cœurs défaillants.

Daignez, je vous en prie,
daignez écouter la prière du petit oiseau ;
il vous loue sans cesse
du plus profond de son cœur.

Faites que ses ailes se déploient,
qu’il puisse s’envoler,
qu’il puisse, avant de mourir,
se réjouir après avoir pleuré.

Faites qu’il voie sa Bretagne,
la Bretagne tout entière ;
que, fort de votre appui,
il puisse regagner son pays sans retour.

Faites qu’il puisse devant vous,
son Créateur, s’élever
comme l’alouette, qu’il puisse
chanter au haut des airs :