Le Linceul des Morts 219 linceul ! » Je ne m'effraye pas, et je dis alors : — « Voici votre linceul; prenez-le, et si vous voulez, je vous donnerai aussi ma veste, si vous avez froid. » Elle prend son linceul, et me dit : — « Merci, mon brave homme, et Dieu vous le rende ! Depuis cent quarante ans, j'étais ici à faire dure péni- tence, et c'est vous qui m'avez délivrée. Au revoir, dans le paradis de Dieu ! » Et elle partit. Mais, elle m'a dit encore de vous prier de faire son enterrement, demain matin, à dix heures. — « On le fera, répondit le curé, et venez y assister. — Oh ! j'y serai. — N'avez-vous pas revu ensuite l'ange qui avait apporté les deux cierges ? — Non, monsieur le curé, je ne l'ai pas revu. — C'était sans doute son bon ange. » L'enterrement est fait avec solennité ; on l'inhume au milieu de l'église, à l'endroit où elle descendait, chaque nuit, dans la terre. Pendant (qu'on célébrait) la messe, on vit encore l'ange venir de la sacristie, portant un cierge dans chaque main, et il les présenta à Job Kervran. Job les prit, et les garda dans ses deux mains, durant la messe et l'enterrement. La femme (morte) se lève ensuite de son tombeau, enve- loppée de son linceul blanc, prend les deux cierges des mains de Kervran, et, devant tous les assistants, elle monte au ciel, en chantant le cantique du Paradis. Conté par François Thépaut, boulanger, de la paroisse de Botsorhel, le 22 du mois de janvier 1890, recueilli et traduit par F. -M. Luzel.
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