de mousse. Quand le jour revient, il regarde autour de soi, et reconnaît le rocher près duquel il avait fait ses adieux à Thérèse. — Hola! se dit-il alors, tout n'est pas encore désespéré! Et il cria trois fois : « Thérèse! Thérèse! Thérèse! « et aussitôt Thérèse arriva et dit : — Vous avez besoin de moi, Koadalan ? — Oui, certainement, princesse, car me voici bien embarrassé! — Je sais tout : vous avez perdu vos livres, et votre femme et votre fils ; mais si vous voulez faire exactement ce que je vous dirai, je vous les ferai retrouver encore. Puis elle le conduit devant le château de Fouques, et lui dit : — Tout le monde dort en ce moment dans le château. Rendez-vous tout doucement à la chambre de Fouques, que vous trouverez dormant sur son lit, et sur une petite table, près du lit, vous verrez les trois livres rouges. Prenez- les, revenez vite, et, pendant ce temps, je vous retrouverai votre femme et votre fils. Koadalan se rend à la chambre de Fouques, qui ronflait, étendu tout de son long sur son lit ; il prend les trois livres rouges, et s'enfuit aussitôt. Thérèse l'attendait, avec sa femme et son fils. Il les embrassa, en pleurant de joie. — Avant de partir, dit alors Thérèse, que voulez-vous que je fasse à Fouques ? — Ma foi! à présent que j'ai retrouvé mes livres, ma femme et mon fils, je ne lui veux plus de mal. — Partons alors, et vite. Quand ils furent au milieu du bois, Thérèse lui dit encore : — Maintenant je vous fais mes adieux pour toujours, car nous ne nous reverrons plus jamais. Et elle s'éleva en l'air, et il la perdit bientôt de vue. Koadalan, sa femme et son fils remontèrent alors dans leur carrosse, qui revint aussitôt qu'il le redemanda, et ils arrivèrent sans tarder au pays de Koadalan, à Plouaret. Tout le monde y fut bien étonné de voir arriver un si beau prince et une si belle princesse. Personne ne recon- naissait Koadalan, pas même son père et sa mère, qui étaient vieux alors, et toujours pauvres. Ils firent bâtir un château magnifique. Mais les deux vieux le père et la mère) continuèrent d'habiter leur chau- mière; ils s'y plaisaient mieux, et leur fils ne les laissait manquer de rien et leur donnait de l'argent autant qu'ils en voulaient. Un jour Koadalan dit à son père :
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Neuz