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Morlaix, le 20 Juin 1874.
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D’ann dud diwar ar meaz.
PENOZ EMAN ANN TRAOU.
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Komzet hon eûs d’heoc’h c’hoaz un tammig euz ann elektionou, hag euz ann Deputeed, hag e teuomp a-nevez war gement-se, drema ’z eo un dra a dalvoudèges vraz, hag iwe dre ma dleet holl em derc’hel en doare evit ann deiz pehini n’eman ket pell, marteze, ma vefet galvet da dibab Deputeed newez.

Goude ann traou a zo tremenet en Paris hag en Versailles epad ar sizun diveza, ha goude ar pez a zo tremenet en Kambr ann Deputeed dilun diveza, pemzek euz a viz Evenn, hec’h aller beza en gortoz da velet ar Gambr torret hep-dale, hag ann Deputeed a zo breman en Versailles kaset d’ar gêr, ewit reï ho lec’h da re-all, dre na emaint ken, peurvain, a-unan gant ar vro, pehini e defoa ho c’haset du-hont ewit komz ewit-hi hag ober pep-tra ewit he mad, hag herve ma oa he c’hoant.

Mad eo, a gredan, disklêria d’heoc’h aman, en bêr gomziou, penoz eman doare pep-tra, ha dreist-holl petra a zo bet c’hoarveet dilun diveza.

Goûd a ret penoz, siouas ! hon Deputeed a zo pell da veza holl a-unan er Gambr, hag a zo eno kalz a lodennou, pe partiou evel ma lavarer en gallek, a-eneb ann eil da egile, ha na hallont ket em glewet war ann traou euz ar muia a dalvoudèges, hag evel-se na eûs ket ur vajorite vraz a-walc’h en tu a-bed, da lavaret eo ur bagad Deputeed braz a-walc’h ha krenv a-walc’h ewit gourc’hemenni ha rena pep-tra, ha gallout lavaret, hep gaou, penoz eman ann darn vuia euz ar vro euz ho zu. Ar majorite, da lavaret eo ann darn brasa euz ar moueziou, a ve peurvuia ken bihan, hag a ve kenlies tu-man tu-hont, ma na haller beza stard ha sur euz a netra, ha kement-se a zo fall, dreist-holl en traou a gen braz talvoudèges.

Goûd a ret ive en pez amzer fall a oe dibabet ann Deputeed a zo breman er Gamb. Ur brezel spoutus a defoa hon gwasket ha diskaret hep truez : goloët ez oamp a bep-seurt gouliou ha sammet a dle ; ouspenn, paotred ar Gommun, gwasoc’h eget loened gouez, ho defoa skuillet dre-holl ar glac’har hag ar spont. Kalz a lavare zoken ez oa grêt a ouzimp ewit bikenn. En doare-se e c’hoarveas evel ma oa rèd : da lavaret eo hen defoa aoun ha spont pep-hini, hag a oe hanvet neuze kalz a Deputeed pere a ioulle distreï d’ann amzer goz, hag a lavare d’ann dud, d’ann dud diwar ar meaz dreist-holl, penoz indan ur Roue, evel gwez-all, a vewjemp en peoc’h, pinvidik hag eürus, hag, en ur gir, a vije peptra ’wit ar gwella. An den spontig hag an hini a ve klanv, a gred hep poan ar re a gomz d’ezhe d’ho lakaad iac’h ha divorc’hed. Evel-se a oe dibabet d’ar c’houlz-ze kalz a Deputeed pere na vefent ket dibabet hirie, kredet mad, ha pere e c’haller lavaret anezhe ez int Deputeed ann aoun hag ar spont.

Met pep-tra a deuas da veza gwelloc’h, dre ioul vad ha kalon ar vro, hag iwe ann Aotrou Thiers (ha bennoz Doue war-n-han !) Ar Prusianed milliget a eas-kuit, ha gant-hê hon arc’hant, evel laëron ; kement ho defoa diskaret, dismantret, entanet, gant ho breudeur, diaoulienn ar Gommun, a oe savet a-newez, hag ar peoc’h a zistroas, hag ann aoun hag ar spont hec’h eas kuit, ha pephini a oa eürus o welet penoz na oamp ket kollet holl. Neuze a oe sellet piz euz oberou ha digaresiou ann Deputeed a oa bet hanvet ewit hon salwi euz ar Prusianed ha paea hon dleou, ha pere goude beza grêt al labour-se, a dlee distreï d’ar gêr, ewit ma vije dibabet en ho lec’h Deputeed all, met, ann dro-man, gant liberte, hep aoun na spont. Ann Deputeed newez-se a dlee beza, en gwirionez, hervez ezommou ha c’hoant ar vro, ha laret ewidomp holl en pe stad hon boa c’hoant da vewa, pe en Republik, pe indan ur Roue, pe un


Morlaix, le 20 Juin 1574.

Aux gens de la campagne,

SUR LA SITUATION

Nous vous avons déjà entretenus un peu des élections et des Députés, et nous revenons de nouveau sur ce sujet, parce qu’il est de grande importance et aussi parce que vous devez vous tenir prêts pour le jour (qui n’est pas lointain, peut-être), ou vous serez appelés à élire de nouveaux Députés.

Après ce qui s’est passe à Paris et à Versailles, la semaine dernière, et ce qui s’est également passé à la Chambre des Députés, lundi dernier, 15 du mois de juin, on peut être dans l’attente de voir la Chambre se dissoudre sans retard, et les Députés qui sont aujourd’hui à Versailles renvoyés chez eus, pour céder la place à d’autres, parce que, pour la plupart, ils ne sont plus d’accord avec le pays, qui les avait envoyés là-bas pour parler en son nom et se conduire en toute occasion conformément à ses intérêts et à sa volonté.

Il est bon, je pense, de vous tenir, en peu de mots, au courant de la situation, et surtout de ce qui s’est passé lundi dernier.

Vous savez que, malheureusement, nos Députés sont loin d’être tous d’accord à la Chambre, et qu’il y a là beaucoup de fractions, ou de partis, comme on dit en français, en désaccord les uns avec les autres, et qui ne peuvent pas s’entendre sur les choses les plus importantes, de sorte qu’il n’y a pas une majorité assez considérable d’aucun côté, c’est-i-dire un groupe de Députés assez nombreux et assez fort pour gouverner et administrer nos affaires, et pouvoir dire, en toute vérité, que la majorité du pays est d’accord avec eux. La majorité, c’est-a-dire le plus grand nombre des voix, des suffrages des Députés, est ordinairement si minime, et se déplace si souvent, qu’on ne peut être assure de rien, et cela est fâcheux, surtout en des questions si importantes.

Vous savez en quelles circonstances défavorables furent élus les Députés qui sont présentement à la Chambre. Une guerre épouvantable nous avait éprouvés et maltraités sans pitié ; nous étions affligés de toutes sortes de plaies et charges de dettes : de plus, les gens de la Commune avaient répandu partout la désolation et la terreur. Beaucoup disaient même que c’en était fait de nous pour toujours. Dans cette situation, il arriva ce qui était inévitable : c’est-à-dire que chacun avait peur, était effrayé, et on nomma alors beaucoup de Députés qui voulaient nous ramener au temps passé, et qui promettaient aux gens, à ceux de la campagne principalement, que sous un roi, comme autrefois, nous vivrions en paix, riches et heureux, et, qu’en un mot, tout irait pour le mieux. L’homme peureux et le malade croient volontiers ceux qui leur promettent de les guérir et de les délivrer de toute inquiétude. C’est ainsi qu'à cette époque-là on élut nombre de Députés qui ne seraient pas élus aujourd’hui, croyez-le bien, et que l’on peut appeler les Députés de la peur et de la terreur.

Mais la situation s’améliora, grâce à la bonne volonté et au courage du pays, et grâce aussi à M. Thiers (que Dieu le bénisse pour cela !) Les Prussiens maudits partirent, en emportant notre argent comme des voleurs ; tout ce qu’ils avaient détruit, ruiné, incendié, de concert avec leurs complices, les diables de la Commune, fut relevé : la paix revint, la peur et la terreur disparurent peu à peu, et chacun était heureux de voir que nous n’étions pas entièrement perdus. Alors, on examina de près les actes et les subterfuges des Députés qui avaient été nommés pour nous délivrer des Prussiens et payer nos dettes, et qui, après avoir accompli cette besogne, devaient retourner chez eux, afin qu’on élût d’autres Députés pour les remplacer, mais, cette fois, en toute liberté et sans alarme. Ces nouveaux Députés devaient être, en réalité, selon les besoins et la volonté du pays, et déclarer, en notre nom,