Pajenn:Sauvé - Lavarou koz a Vreiz-Izel, 1878.djvu/80

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Adlennet eo bet ar bajenn-mañ
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416

Eur penn-her hag eur benn-herez
A ra aliez gwall diegez.

417

E-tre ann dimi hag ar c’heuz
N’euz nemet treuz ar c’hleuz,
Ha pa vo zellet mad
N’euz nemet treuz eur votez-koat.

418

Ar re a zo dizher
Ho deuz poan ha mizer.

419

Ar re ho deveuz bugale
Ho deveuz poan hep dale.

420

Bugale vihan, — poan vihan ;
Bugale vras, — poan vras.

421

Nep hen euz greg ha bugale
A dle ive turlutud d’he.

422

E-touez ann truillou hag ar pillou
E saver ar vulgaligou.

423

Dibaot lez-vamm a gar ive
Bugale all keit hag he-re.

424

Endann tri de a skuiz peb den
Gant glao, gant greg ha gant estren.

425

Iena daou dra’ zo en ti,
Daoulin ann ozac’h ha fri ar c’hi.

426

C’houez ann tin hag al lavand
A zo gant ar merc’het iaouank ;
C’houez ar banal mogedet
A zo gant merc’het dimezet.

427

C’hoant dimezi ha beva pell
Hen euz peb Iann ha peb Katell ;
Dimezet int, pell e vevont,
Holl war ho giz e karfent dont.

428

Ar c’hreg a zo berr a lostenn .[1]

  1. Cette locution proverbiale s’applique aux femmes jalouses, parce que, remuantes, toujours aux aguets, il semble naturel qu’elles soient court-vêtues, pour que rien n’embarrasse leur marche et qu’elles puissent suivre ou rechercher facilement les traces de celui qu’elles supposent infidèle.

    Les trois locutions et le dicton suivants s’appliquent indifféremment à l’homme ou à la femme que tourmente la jalousie. Avoir courtes chaussures me parait répondre, à une nuance près, à l’expression française être dans ses petits souliers, éveillant dans l’esprit l’idée de gêne, de contrainte, de situation critique. Si, ne prenant pas garde au sens figuré des mots, on ne veut s’attacher qu’à leur signification propre, on comprend de reste que, par suite des continuelles allées et venues des jaloux, les pieds doivent leur enfler, et que toutes chaussures finissent à la longue par leur sembler courtes et étroites. Mais quel est le cheval roux, le cheval d’Hamon dont il est ici question ? Tout me porte à croire qu’il faut voir en lui le fameux Bayard, le cheval de Renaud, fils d’Aimon, par allusion à la bouillante activité de cet animal qui, pendant la carrière agitée de son maître, ne connut jamais ni trêve ni repos. Le nom du cheval Bayard lui vient de sa couleur rouge brun, par le bas-latin baiardus, qualificatif que les Bretons traduisent souvent par rouz. D’un autre côté, Bayard n’occupe pas seulement une place importante dans les récits des conteurs, mais, dans le Buez ar pevar mab Emon, l’oeuvre poétique la plus répandue, sans contredit, dans les chaumières bretonnes, la force, la vigilance et, surtout, l’infatigable ardeur de l’incomparable animal, sont constatées presque à chaque page. Si la double assimilation que je propose était admise, monter le cheval roux, monter le cheval d’Hamon, ou mieux d’Aimon, reviendrait donc à dire qu’il n’est plus de repos, de tranquillité, de bonheur possibles, pour celui qui se laisse emporter par la jalousie.