Pajenn:Sauvé - Lavarou koz a Vreiz-Izel, 1878.djvu/164

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I.


939

A bep liou marc’h mad,
A bep bro tud vad.

940

Al laouenan a gar atao
He doënn ha kornig he vro.

941

Kant bro, — kant giz,
Kant maouez, — kant hiviz.
Kant parrez, — kant iliz.

942

Aotronez Pond-Ivi,
Bourc’hisienn Faouet,
Potret Gourin.

943

Sod evel eur Gwennedad,
Brusk evel eur C'hernevad,
Laer evel eul Leonard,
Traïtour evel eun Tregeriad.

944

Ebeul Pontreo[1].

945

Leonard kof iod, laer ar pesk[2].

  1. Se dit indifféremment de tout jeune paysan lourd et grossier.
  2. Allusion au poisson de Saint-Corentin, « lequel tous les matins, — dit Albert le Grand, — se présentoit au saint qui le prenoit et en coupoit une pièce pour sa pitance, et le rejetoit dans l’eau, où tout a l’instant il se trouvoit tout entier, sans lésion ni blessure. »
    Un morceau de ce merveilleux poisson rassasia, certain soir, le roi Gradlon et la suite nombreuse de seigneurs qui l’accompagnait dans une chasse où il s’était égaré. « Le Roy ayant veu ce grand miracle, voulut voir le poisson duquel le saint avait coupé ce morceau et alla à la fontaine, où il le vid, sans aucune blessure dans l’eau ; mais quelque indiscret (que la prose, qui se chante le jour de la feste du saint, dit avoir esté de l’évesché de Léon) en coupa une pièce pour voir s’il deviendroit entier, dont il resta blessé, jusqu’à ce que saint Corentin y vinst, qui, de sa bénédiction, le guérit, et luy commanda de se retirer de là, jde peur de semblable accident : à quoy il obéit. » — (Vie de saint Corentin, dans les vies des saints de la Bretagne Armorique, édit, de 1837,
    p. 799 et 801.)
    Le P. Maunoir auquel nous devons une vie du même saint, en vers bretons, complète ce récit de la manière suivante :

    O laeronci cruel ! A c’houdevez nicun
    N’er velas mui o ridec ebars en e feuntun.
    An oll quirent d’an den fall a oa disenoret,
    Goapeet estranch a casseet, scandalet, milliguet
    Abalamour d’an torfet en devoa bet privet
    Breis euz eur miracl quer bras, ar gar zant eus e vouet.

    O larcin cruel ! depuis lors personne
    Ne le vit plus courir dans sa fontaine.
    Tous les parents de l’homme mauvais furent déshonorés, maudits,
    Raillés d’étrange sorte et haïs, querellés.
    En raison du forfait qui avait privé
    La Bretagne d’un si grand miracle et le saint de sa nourriture.

    (Buez sant Caurintin, Quemper, Y. J. L. Derrien, s. d., p. 9 et 10.)