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POÉSIE.

SONNET A LA VIERGE.

L’homme, aveugle souvent, cherche au sein de la terre
Des fleurs dont l’urne jette un éternel encens,
Dont la fraîcheur native à nul vent ne s’altére,
Oui, pleines do rosée, aient des germes puissants.

Pour les trouver il court de parterre en parterre ;
Il explore les bois, les prés éblouissants ;
Il suit le bord des eaux, aux lis si salulaire ;
Et le moissonneur fait des bouquets ravissants.

Mais, hélas ! chaque fleur le soir tombe et se fane !
Une seule corolle éternellement plane :
C’est la Rose mystique, éclose aux saints parvis ;

Pour trouver le calice en tous temps diaphane,
Pour respirer l’encens qui toujours en émane,
C’est vous qu’il faut chercher, o Fleur du Paradis.

Nantes, mai 1864. Elisa Morin.

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NOUVELLES POÉSIES BRETONNES.


On nous communique trois morceaux de poésie, — vrais bouquets de printemps, — dont nous avons hâte de faire part à nos lecteurs : l’un, composé par M. l’abbé Henry , offre les rares qualités de l’écrivain auquel Brizeux aimait à demander conseil comme au maître le plus initié aux delicateeses de l’idiome breton ; l’autre est l’œuvre d’un digne instituteur du pays de Tréguier que de bons juges ont surnommé le « Rossignol du bois de la nuit » (Eostik koat ann noz) ; il paraîtra dans la nouvelle edition de l’Anthologie bretonne de M. Clairet, de Quimperlé. La dernière pièce a pour auteur un poète, sinon breton de race, du moins breton de cœur et de langue. Fils d’un savant de Paris, et connaissant, quoique tout jeune, plusieurs idiomes de l’Europe, il a voulu apprendre celui d’un peuple pour la foi et les mœurs duquel il éprouvait une vive sympathie ; il l’a appris, il le parle couramment, il l’écrit même, et avec use telle habileté que les membres du Breuriez-Breiz l’ont jugé digne d’être leur confrère. C’est pour s’excuser de ne pouvoir se réunir à eux, par suite d’une précoce et pénible infirmité, qu’il a composé les vers qu’on lira plus loin : à coup sûr on trouverait difficilement un exemple pareil de sympathie nationnle ; qui apprendrait le provençal par amour pour les Provençaux ? Il est vrai qu’ils ne paarlent plus qu’un patois.

Louis De Kerjean.