On retrouve dans cette poésie bretonne contemporaine, le style, l’énergie farouche des anciens bardes gallois
- Kalet ar vein, — les rocs sont durs ;
- Ar mor zo doun, — grande est la mer ;
ou bien leurs citations harmonieuses :
- Blench ann halek a zo gwenn-kann,
- Ha c’houek d’ar bodik ar c’hlizenn ;
- Belle est la cime au saule en fleurs ;
- Douce est la rosée à la plante.
Comme d’une harpe éolienne formée par les vertes branches des chênes et des coudriers, résonnant sous une tiède brise du soir qui la frappe au passage, ne vous semble-t-il pas, après plusieurs siècles écoulés, entendre, comme un écho des accords délicieux, échappés des harpes réunies d’Aneurin, de Liwarc’h et de Taliésin ?
Nous voici arrivé à la limite du cadre que nous nous sommes tracé au début de cet ouvrage ; plus tard, peut-être augmenterons-nous ce recueil de plusieurs chants entierement inédits ; les sujets ne nous manqueront pas, et la moisson peut encore être riche et abondante. La mine n’est point épuisée. Mais, pour le moment, il nous faut dire adieu à la douce et poétique Bretagne, terre des grands souvenirs et des élégies plaintives ; il nous faut dire adieu à ses grèves désertes, à ses champs de blé-noir, à son beau genêt d’or, à sa rose bruyère « petite fleur aride et délicieuse, sœur timide