Jean-Marie Le Jean, « le Rossignol du Bois-de-la-Nuit » selon son nom bardique ( « Eostik Koal-an-Noz » ), est né vers 1820, à Plounérin, canton de Plouaret (Trégor). « Instituteur à Guingamp, — raconte Joseph Rousse, — Il aurait pu devenir un grand poète, si une passion malheureuse pour le gwin-ardant n’avait éteint ses facultés et brisé sa carrière. Il fut envoyé en disgrâce à Pontrieux, puis à Collinée, el donna sa démission en 1875. Réfugié à Paris, il y mourut, l’année suivante sur un lit d’hôpital. »
Le Jean était doué de fortes qualités. Ses poèmes pleins de vie, de couleur et d’imagination, — parmi lesquels il y a lieu de citer Ar Goann en Breiz (« L’Hiver en Bretagne »), Kastel Tonkedek (« Le Château de Tonquédec »), Burzudou Breiz (« Les Miracles de Bretagne ») et la belle gwerz Kroazou Arvor (« Les Calvaires d’Armor ») dédiée au sculpteur Yves Hernot, de Lannion, — n’ont jamais été réunis. Quelques-uns ont été imprimés sur feuilles volante, les autres sont disséminés dans divers journaux et principalement dans Le Conteur Breton et La Revue de Bretagne et de Vendée. On trouve notamment de lui, dans cette dernière publication, Barzed Arvor (1864), pièce qu’on lira plus loin et qui peut être considérée comme un document d’histoire littéraire (l’auteur y mentionne tous les principaux Bardes de son époque), et une élégie sur la mort de Jean-Pierre-Marie Le Scour, le « Barde de Rumengol » (1870), avec qui Le Jean avait fondé à Morlaix, le 31 Août de l’année précédente, la Breuriez Breiz-Izel (« Confrérie des Bardes de Basse-Bretagne »). On doit encore à Jean-Marie Le Jean une traduction en prose bretonne du Paroissien Romain, en vers bretons de plusieurs hymnes et psaumes ainsi que de la cantate de Thielemans, Les deux Bretagnes, qui fut exécutée au Congrès Panceltique de Saint-Brieuc, en 1867.
Il avait recueilli une collection de manuscrits de vieux mystères bretons qui fut, à sa mort, acquise par M. Léon Bureau, un