Pajenn:Ernault - Morised vad RM,1895.djvu/3

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SUR LA CHANSON DE MAURICETTE


— Choisis, ou de m’obéir — ou de perdre ta vie.

— J’aime mieux, dit-elle, perdre ma vie que de consentir au péché. — Dis ton in manus quand tu voudras : — tu es arrivée au lieu où tu mourras.

Magnificat Dominus ! — Vierge Marie, mère de Jésus, — Vierge Marie du ciel, dit-elle, — conservez mon honneur.

Vierge Marie, mère de Dieu, ayez pitié de mon âme, — et de celle de mon meurtrier après moi ! —

Le chef de famille chrétien demandait — à ses enfants alors : — Mes petits enfants, oh ! dites-moi — ce qui vous rend si tristes.

— Mon père, vous avez hâte de savoir — ce que vous saurez assez tôt ; — vous le saurez assez tôt : — notre sœur Mauricette est tuée !

Elle est tuée, notre sœur, la bonne Mauricette, — on l’a laissée nageant dans son sang.

— Seigneur Dieu, dit-il, mon enfant, — qui a été l’homme dénaturé, — qui a été l’homme assez dénaturé à ton égard — pour t’enlever la vie et te mettre là en cet état ?

— Taisez-vous, dit-elle[1], mon père, ne pleurez pas ; — j’ai le pardon de Dieu, et lui après moi sera condamné. —

Dans la lande où elle fut tuée on a élevé une belle croix, — bien des gens sont venus la visiter, — enfants, vieillards et malades.

Une jeune fille de Bordeaux — qui n’avait pu faire un pas depuis dix-huit ans — vint visiter cette belle croix ; — trois jours après, elle marchait.

La formule bizarre Magnificat Dominus se retrouve, avec une glose fantaisiste, dans un fragment de chanson connu en petit Tréguier, où l’auteur prétend que ces deux mots signifient « signe de croix ».

Je pense qu’il y a là une combinaison de MagnificatDominum avec Benedicat Dominus.


E. Ernault.
Vannes. Imprimerie Lafolye, 2, place des Lices.
  1. Dans l’opinion de la chanteuse, Mauricette aurait parlé après sa mort ; je crois auasi que cela résulte des termes de la chanson.