Pajenn:Bayon - En Ozeganned.djvu/17

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Adlennet eo bet ar bajenn-mañ
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Étude sur le Théatre breton.

Aventures héroïques de héros inconnus. Aujourd’hui se relève tout ce qui avait croulé dans la médiocrité et dans le ridicule. Mais quand on rebâtit, on ne refait pas l’édifice dans le style du passé ; on l’adapte aux conditions modernes de la vie présente ; Le Bayon essaye cette reconstruction, et personne n’a le droit de dire que son initiative jusqu’ici ait été téméraire.

Je sais bien que pour atteindre le peuple, il y a plusieurs chemins qu’on peut suivre. Les plus sûrs sont ceux qu’il a battus lui-même : lui parler de sa vie, de ses défauts, à condition de ne pas trop exagérer, de ses vices même, pourvu qu’on n’aille pas jusqu’à l’insulte, c’est un de ces chemins-là, et non pas le moins direct. Vous et moi nous rirons ; le paysan breton rira après nous ; et s’il ne se sent pas humilié, il couvrira notre rire des formidables éclats du sien. Or, Le Bayon a trouvé une situation dans laquelle l’homme des champs se rencontre presque aussi souvent que le dimanche : « II y a du cidre chez nous, disent nos paysans : c’est le bon Dieu qui l’a donné, il faut bien que les Bretons l’avalent. » Ils l’avalent copieusement ; et les Maheu et les Guilleu sont nombreux qui, les soirs de Pardon, suivent à travers la lande des sentiers qui ne conduisent pas au logis. Qu’ils soient deux, je le suppose, ils se rencontrent ; s’ils se rencontrent, ils s’embrassent ; et s’ils s’embrassent je ne suis pas étonné de les voir s’asseoir ou s’allonger, ce qui est à peu près la même chose, et puis s’endormir d’un sommeil que rien ne trouble. Fraternité de l’ivresse, réalité de la vie. Ces tribulations d’un buveur attardé au retour du Pardon, Brizeux les