ÉVÊCHÉ
DE
MOULINS
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Moulins, le 12 Décembre 1904.
- Monsieur,
Vous me demandez quelques lignes d’introduction « eur c’henskrid » au volume de poésies bretonnes que vous avez le dessein de publier. Ne vous êtes-vous pas exagéré ma compétence ? Depuis douze ans, en effet, je suis déshabitué de notre vieille langue celtique. Je l’aime toujours ; mais je n’ai que très rarement occasion de la parler, et, par suite, mon appréciation perd naturellement de sa valeur et de son crédit. Quoi qu’il en soit, j’ai cédé à vos pressantes et aimables instances, et, pour vous être agréable, je me suis imposé le devoir de lire votre manuscrit. Mais, je suis heureux de vous le dire, ce sentiment de passivité s’est changé dès les premières pages, en un très vif attrait ; et dans cette lecture, que j’ai continuée jusqu’au bout, j’ai trouvé tout à la fois intérêt et plaisir. Votre livre sort de la banalité ordinaire, et en ce qui me concerne, il a largement dépassé toutes mes prévisions. Vous avez une connaissance parfaite de