Pajenn:Milin - Légendes bretonnes.djvu/28

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Kadarnaet eo bet ar bajenn-mañ
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D’Estin ne gav ket he bar
Paea reot ouc’h-penn
Mizou ar zonerien.


D’Estaing n’a pas son pareil ;
Vous paierez en outre
Les frais des sonneurs.

De plus, cette langue est très-significative, et les deux radicaux que présente le nom qui nous occupe (Porz-moguer) ont un sens bien connu des Bretons, sens que ne saurait remplacer Primauguet, mot, pour eux, dépourvu de toute signification. Porz, signifie cour, entrée d’une maison ou d’une place forte, et moguer, muraille, rempart. Porzmoguer marque donc, à la lettre, entrée d’une place forte entourée ou défendue par un rempart.

« Comme le marque son nom, Hervé de Porzmoguer, amiral breton, dit M. de Fréminville, fidèle à l’honneur et à son pays leur fit un rempart de son corps à la bataille navale de Saint-Mathieu de Fine terre, Lok-Maze penn ar bed. »

Les Nouvelles annales de la Marine (mois de mars 1855) rapportent, d’après les Gloriæ navales, de M. Guichon de Grandpont : « Le 10 ao0t 1512, jour de Saint-Laurent, un combat naval s’engagea devant Saint-Mathieu, près Brest, entre les flottes française et anglaise, et il est resté célèbre par la lutte opiniatre des plus grandes nefs des deux nations. La Cordelière (*), française, contre la Régente assistée du Souverain et d’un autre petit navire anglais … »

« Le capitaine de la Cordelière était Hervé de Porzmoguer (sit Deus ad te, Brito fidelis ! …) dont le nom a été souvent défiguré et converti en celui de Primauguer ou Primauguet. »

La Biographie bretonne fait la même remarque au sujet des nombreuses transformations qu’a subies ce nom : « Primoguer, Primaugay, Primaudet, Primauget et Portemoguer. »

Du reste, l’apposition récente à l’arrière du Primauguet des armes et de la devise de la maison de Porzmoguer semble le prélude de la substitution de ce dernier nom au premier. Ainsi disparaitra une contradiction dont cesseront d’être offusqués les Bretons soucieux de l’entière conservations de leurs gloires nationales. Ainsi se trouvera réalisé le vœu formulé par le Congrès de l’Association bretonne, tenu à St-Brieuc, au mois d’octobre 1856, de voir le nom de Porzmoguer remplacer, sur le navire en question, celui de Primauguet.

(*} Baptisée sous le nom de Marie, cette nef fut aussi placée par la reine Anne sous la protection de saint Francois, patron de son père et dont l’humble ceinture était devenue le support de ses armes. (Note des Gloriæ navales, p. 21.)