1. — Un jeune meunier des environs de Quintin se leva de
bon matin pour aiguiser son moulin.
2. — Dès qu’il l’eût aiguisé, il le fit tourner ; un peu avant midi, il déclare quvil a du chagrin.
3. — Un peu avant midi son cœur est mal à l’aise, car il a entendu dire que sa fiancée va se marier.
4. — Et si elle se marie, comme on le dit, il ira encore la voir avant que la nuit ne soit venue.
5. — Il est allé la voir avant la nuit, et il l’a trouvée pleurant sur le coin du foyer.
6. — « Bonjour à vous, belle jeune fille, oui, bonjour ; répondez-moi, jeune fille, et daignez m’écouter :
7. — « Autrefois, en me voyant, vos regards exprimaient la joie. Maintenant, en me voyant, vous ne faites que répandre des larmes :
8. — « Cessez, jeune fille, cessez de pleurer, rompez vos engagements ; suivez votre cœur et revenez vers moi »
9. — « Oui, jeune homme, vos paroles me plaisent, et avant la nuit je les redirai à mon père.
10. — « Bonjour à vous, mon père, votre fille à genoux, demande votre permission pour se marier.
11. — « Votre permission pour me marier à celui que j’aime, au jeune meunier qui le premier a fixé mon choix. »
12. — « Oui, ma fille, c’est de tout cœur que je vous donne cette permission, pour vous rendre contente et mettre votre cœur plus à l’aise.