Traduction française en vers de FR.COPPÉE |
Musique de
L. A. BOURGAULT-DUCOUDRAY |
I Ni voa kerzet da redet Mor II Kichen Eusa dre vor diroll III — Didrouz, divonet, diarc’hen, |
I
Nous étions là vingt gâs d’Arzon,
Marins durs à la peine,
Sur un vaisseau de cent canons
Avec Monsieur Duquesne.
Mai au milieu du branle-bas,
et quand le cannon tonne,
Les Arzonnais ne tremblent pas.
Sainte Anne est leur patronne.
II
Après deux mois de grosse mer,
Au fond du Zuiderzée,
Deux Hollandais par le travers
Nous lâchent leur bordée.
Trente sont morts du premier coup,
Chez nous, chez nous, personne !
Les Arzonnais sont tous debout
Saint-Anne est leur patronne.
III
Bonnet en main, marchant nu pieds,
Portant cierges de cire,
Nous venons tous pour t’apporter
Un beau petit navire.
Prends notre hommage auec nos vœux
Sainte-Anne on te le donne
Les Arzonnais tombent joyeux
Aux pieds de leur patronne !
Cet air est un spécimen du mode hypophrygien. On remarquera la modulation passagère produite par la présence du la bémol dans l’avant-dernière phrase. Cette note — 3e degré de l’échelle hypophrygienne (transposée) — qui apparaît tantôt naturelle, tantôt avec un bémol, n’est autre chose que la fameuse corde variante du moyen âge. Elle existait aussi dans l’échelle diatonique connue chez les anciens sous le nom de système immuable.
L’air dont il s’agit se chante très fréquemment en Bretagne, adapté à la chanson des Conscrits de Plouillau. Comme les paroles de cette chanson, qui est moderne, présentent peu d’intérêt, M. Coppée s’est inspiré, pour sa poésie, d’une autre chanson plus ancienne, mais moins répandue en Bretagne.