Adlennet eo bet ar bajenn-mañ
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O sent ma bro, ma divallet, |
Deomp da bidi sant Herbot |
Sant Iouen, sant Iann, |
Aotrou sant Ourzal, me ho ped, |
Itroun Varia-Molenez, |
II.
Mar vez Guillou, ra-z-i pell dre sant Herve ; |
Ki klan, chanj a hent, |
- ↑ Les habitants de l’île Molène se défendent, non sans énergie, d’avoir jamais adressé semblable prière à leurs saints. A les entendre, elle leur serait gratuitement prêtée par leurs voisins d’Ouessant, grands railleurs par tempérament, et, aussi, quelque peu jaloux de leur prospérité croissante. Ceux-ci, de leur côté, opposent à cette explication la dénégation la plus formelle. Quoi qu’il en soit, et qu’il s’agisse ici d’une prière ou simplement d’une épigramme, on ne saurait du moins reprocher à cette petite pièce de manquer de couleur locale.
- ↑ Ce Guillou n’est autre que le loup, contre lequel on ne peut trouver de meilleur défenseur que saint Hervé. La légende raconte qu’Ulphroëdus, oncle d’Hervé, avait un âne qu’un loup dévora. Le saint condamna le fauve a remplacer la bête de somme dont il avait fait sa proie, et « c’estoit chose admirable, — nous dit Albert le Grand, — l’intéressant et naïf hagiographe, — de voir ce loup vivre en mesme étable que les moutons, sans leur mal faire, traisner la charrue, porter les faix et faire tout autre service, comme beste domestique. »
C’est en souvenir de ce prodige que, dans les églises bretonnes, on représente saint Hervé accompagné d’un loup qu'il tient en laisse.
Il faut se garder, cependant, de juger sur les apparences : le diable sait prendre toutes les formes, et se montre souvent sous celle d’un loup, dit le paysan breton. Aussi la prudence commande-t-elle de se tenir à la fois en garde contre l’un et l’autre de ces dangereux ennemis.