Pajenn:Proux - Bombard Kerne, 1866.djvu/9

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VIII

Son vers, d’une allure vive et légère, franc, bien venu, né du sol, est tout imprégné des parfums des landes et des champs de Breiz-Izel. On n’y voit jamais aucune trace d’imitation, qualité rare et bien précieuse ! — et l’on dirait qu’il n’a jamais lu un poëte français. Son ironie est douce et inoffensive, et ses traits, quoique bien aiguisés et lancés d’une main sûre, ne sont jamais envenimés.

Il a publié en 1838 un recueil de poésies de jeunesse, devenu introuvable aujourd’hui, et qui est l’œuvre d’un vrai poëte et d’un homme d’esprit tout à la fois : c’est de l’esprit gaulois ou breton (c’est tout un), et du meilleur. Les expressions originales et trouvées, les vers francs et sentant le terroir, avec un parfum de bruyères et de fleurs de genêt, abondent dans ces chansons, vraiment bretonnes d’inspiration, de tournure et de langage.

M. Proux, avons-nous dit, réveillé par les oiseaux de mauvais augure qui nous crient sur tous les tons que nous sommes morts, et que l’on va nous enterrer, vient enfin de sortir d’un silence de plusieurs