Pajenn:Luzel - Koadalan.djvu/4

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— Où vas-tu comme cela, mon garçon ? lui dit encore celui-ci. — Voyager, pour chercher à gagner mon pain. — Voudrais-tu venir avec moi .-' — Volontiers. — Sais-tu lire ? — Non certainement; mon père est trop pauvre pour m'envoyer à l'école. Le seigneur le saisit alors et s'éleva avec lui en l'air, très-haut. Il des- cendit près d'un beau château, dans une grande avenue, où Koadalan fut bien surpris de voir écrit sur les feuilles des arbres : — Celui qui entre ici, n'en sort plus. Ce qui lui donna l'envie de s'en aller ; mais comment.? Ils entrent ensemble dans le château; ils mangent ensemble et, après le souper, Koadalan dort bien dans un lit de plume. Le lendemain matin, le seigneur lui dit : — Or ça, mon garçon, je vais partir maintenant pour un voyage que j'ai à faire. Tu resteras seul ici pendant un an et un jour. Rien ne te man- quera dans cette maison. Voici une serviette et, quand tu voudras man- ger ou boire, tu n'auras qu'à lui dire : « Serviette, fais ton devoir; apporte-moi telle ou telle chose ! » et aussitôt arrivera ce que tu auras demandé. Maintenant, suis-moi, pour que je te montre ton travail de chaque jour. Et il le conduisit d'abord à la cuisine, où il y avait une grande marmite sur le feu. — Voilà une marmite sous laquelle il te faudra brûler deux cordes de bois par jour, et n'importe ce que tu y entendras, n'écoute pas et fais toujours du feu. Allons maintenant à l'écurie. Voilà une jument maigre qui a devant elle un fagot d'épine, en guise de trèfle. Mais on lui donne encore un autre régal. Voici un bâton de houx avec lequel tu la battras, jusqu'à ce que tu sues. Prends le bâton, et voyons si tu sais frapper. Et voilà Koadalan de battre la pauvre bête, de toutes ses forces. — Bien, bien! tu ne frappes pas mal. Tu vois ici, à présent, un jeune poulain auquel il faudra donner du trèfle et de l'avoine autant qu'il en voudra manger. Allons maintenant voir les chambres. En voici une que tu n'ouvriras pas; ni cette autre non plus. Regarde bien, car si tu venais à ouvrir une de ces deux chambres, malheur à toi! Toutes les autres, tu pourras les ouvrir et te promener partout dans le château. Après avoir fait toutes ces recommandations, le seigneur partit. — Or ça, chez qui donc suis-je ici ^ se dit alors koadalan; chez le Diable, peut-être ? Mais, voyons d'abord si ce qu'il m'a dit de sa ser- viette est vrai. — Serviette, fais ton devoir! apporte-moi du lard et du