Pajenn:Cadic J.-M. - Ur person a eskopti Guened e lar kenavo d'e bobl e amzer er Revolusion - RBV,1901 (T1).djvu/7

Eus Wikimammenn
Ar bajenn-mañ n’he deus ket ezhomm da vezañ adlennet.
324
LES PRÊTRES FIDÈLES DE L’ÉVÊCHÉ DE VANNES


Or le fait même d’avoir administré un sacrement constituait une cause de trouble aux yeux des révolutionnaires.

Il est facile de comprendre que les dénonciations ne tardèrent pas à pleuvoir au siège de chaque district. En conséquence, le directoire du département fit arrêter une trentaine de prêtres qui furent internés, les uns dans la citadelle de Port-Louis et les autres dans la prison de Lorient.

Le sort de ceux qui purent rester dans les familles où ils s’étaient installés ne fut guère plus heureux : les révolutionnaires et les intrus ne cessaient de les calomnier et de leur faire subir toutes sortes de vexations. Ils s’efforçaient surtout de les rendre odieux au peuple et de les faire passer pour traîtres à la patrie, parce qu’ils avaient refusé le serment sacrilège. Mais les populations ne se laissèrent point tromper. Elles connaissaient parfaitement la fausseté de ces calomnies et continuaient à s’adresser aux prêtres insermentés qu’elles appelaient les bons prêtres.

L’administration départementale, furieuse de ne pas pouvoir amener le peuple à communiquer avec les prêtres jureurs, redoubla de rigueur envers les confesseurs de la foi. Par un arrêté du 3 septembre, elle condamna tous les curés et vicaires, qui avaient été remplacés dans leurs paroisses, à s’éloigner sans délai, à dix lieues des paroisses où ils avaient exercé leurs fonctions.

Voilà donc ces prêtres vénérés condamnés à changer de domicile, à quitter les familles qui les avaient si généreusement accueillis, à abandonner les troupeaux dont ils étaient chargés et à chercher un refuge dans un pays inconnu ! Tous sont frappés par ce décret d’exil, les vieux comme les jeunes, et ceux qui les poursuivent ainsi de leur haine ne s’inquiètent pas de savoir s’ils ont les forces ou les ressources suffisantes pour supporter de telles fatigues et faire face à de telles dépenses.

Par bonheur cet exil dura peu.

L’Assemblée Nationale venait d’achever la nouvelle constitution qu’elle élaborait péniblement depuis 89. Le roi consentit à sanctionner cette constitution. Le 14 septembre 1791 il se rendit même au sein de l’Assemblée, et en jura solennellement l’observation. Mais en même temps il demanda une amnistie complète pour les événe-