Mont d’an endalc’had

Pajenn:Cadic J.-M. - Ur person a eskopti Guened e lar kenavo d'e bobl e amzer er Revolusion - RBV,1901 (T1).djvu/5

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LES PRÊTRES FIDÈLES DE L’ÉVÊCHÉ DE VANNES


Les prêtres fidèles, ainsi expulsés de leurs églises et de leurs cures, eurent cependant la liberté de continuer à séjourner dans leurs paroisses. Ils reçurent de toutes les familles chrétiennes les témoignages de la plus vive sympathie et de la plus profonde véneration. Chacune d’elles se fut estimée heureuse de les recevoir, de leur donner l’hospitalité et de partager avec eux le pain de chaque jour ; mais, par esprit de charité et par mesure de précaution, ces confesseurs de la foi voulurent s’éloigner le plus possible de leurs églises paroissiales envahies par les intrus. Ils s’établirent., de préférence, à proximité des chapelles frairiales ou de quelques oratoires, quand il en existait sur le territoire de la paroisse. Là ils n’étaient pas tous l’œil jaloux des intrus, et, gràce à ces chapelles ou oratoires, ils pouvaient célébrer plus convenablement la sainte messe, entendre les confessions des fidèles, et administrer les autres sacrements. Car les prêtres insermentés, pour avoir été chassés de leurs églises, ne se regardaient pas comme affranchis des obligations de leur ministère. En conscience ils se croyaient toujours obligés de prendre soin des âmes qui leur avaient été confiées.

A défaut d’oratoires ou de chapelles, les prêtres fidèles disaient la messe et administraient les sacrements dans un appartement quelconque, une simple chambre convertie en chapelle, une grange et même en plein air.

Les fidèles y accouraient de toutes parts et s’éloignaient avec soin des intrus.

Ces marques de sympathie de la part des populations, leur attachement et leur fidélité à leurs vrais pasteurs étaient une grande consolation pour les prêtres persécutés et tempéraient quelque peu l’amertume de leurs épreuves.

Ce qui leur causait de la peine était de se voir presque complètement à la charge des familles qui les avaient recueillis. Ils eussent désiré les indemniser pour l’hospitalité et la nourriture qu’elles leur donnaient si généreusement. Mais ils se trouvaient presque tous dénués de toute ressource. L’expulsion fut si violente et si soudaine qu’ils ne purent presque rien sauver de leurs effets et de leurs biens.