Pajenn:Cadic J.-M. - Kanen gouil Yehan - RBV,1897 (T2).djvu/2

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CHANT DE LA SAINT JEAN

de saint Jean, qui, en qualité de précurseur du Messie, est comme une lampe allumée, un phare lumineux précédant la vraie lumière venue en ce monde pour allumer le feu de l’amour divin.

D’autres croient que c'est l’Église elle-même qui a établi cette coutume pour essayer de christianiser, ne pouvant sans doute l’abolir, une pratique scandaleuse des païens qui, au solstice d’été — ce qui coïncidé précisément avec la Saint-Jean — célébraient, par des danses et des orgies l’entrée du soleil dans le signe du lion.

Enfin, quelques-uns prétendent qu’on ne doit voir dans les feux de la saint Jean qu’une manière de donner une plus grande solennité à cette fête. C'est ainsi que les fêtes patronales, du moins en Bretague, et quelquefois même les fètes de chapelles frairiales sont toutes précédées de feux de joie, que l’on allume généralement la veille, aux premières vêpres.

Quoi qu’il en soit de l’origine et des motifs de cette coutume, il est certain que, pour ce qui concerne la France, elle a complètement disparu dans bien des contrées, et cela grâce à la Révolution et surtout au Concordat de 1802 qui tout en laissant à la fête de saint Jean son rite solennel, l’a néanmoins classée parmi les fêtes de dévotion.

Mais en Bretagne, cette coutume s’est maintenue dans toute sa force Les Bretons, qui aiment leurs traditions, ont une grande dévotion à saint Jean, et tous les ans ils célèbrent avec piété du moins à la campagne, la fète de sa glorieuse naissance. Ils sont rares ceux qui, en ce jour, manquent la messe et se livrent aux travaux des champs.

La veille, après le repas du soir, tous ou presque tous se font un devoir d’aller, à la tombée de la nuit, assister à un feu de joie en l’honneur de saint Jean. Ces feux de joie sont nombreux dans chaque contrée : chaque localité importante, chaque village a le sien. On en voit quelquefois deux ou trois aux abords des villes et des gros bourgs. D’ordinaire, jls ont lieu sur la hauteur la plus voisine, d’où ils peuvent être aperçus au loin.

Que personne ne s’avise de s’y rendre les mains vides : chacun doit fournir son appoint au feu de joie, sous peine d’être raillé ou molesté de la plus belle façon.

Les uns portent avec eux des fagots, les autres de la lande, des