Pajenn:Cadic J.-M. - Kanen Morised - RM,1894.djvu/13

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LA COMPLAINTE DE MAURICETTE


IV


23. Son père était journalier et en journée à Bragnolec. Il ne pensait nullement au malheur qui le frappait.

24. Mais quand il rentra chez lui vers midi ou onze heures, il trouva ses enfants dans la douleur et la tristesse la plus profonde.

25. — « Mes enfants, dites-moi, pourquoi êtes-vous si affligés ; pourquoi êtes-vous si affligés, et où est votre sœur Mauricette ?

26. — « O père, vous ne saurez que trop tôt les nouvelles de notre sœur Mauricette.

Elle est là-bas, au Pradigo, baignée dans son sang.

27. — « Mes enfants, dites-moi qui a tué Mauricette ?

— « C’est Pierre Guéganic, homme cruel, qui l’a tuée, dit-on !

28 — « Ah ! meurtrier maudit ! Que t’a donc fait Mauricette ? Que t’a fait ma fille, sinon se défendre contre ta méchanceté ? »

29. A cause de sa douleur il ne peut parler davantage ; il tombe la face contre terre. C’était grande pitié de l’entendre pousser des cris.


V


30. Comme on portait Mauricette en terre, le sang coulait de la charrette ; son père suivait en sanglotant ; vieux et jeunes pleuraient.

31. Les prêtres, au lieu de chanter, ne pouvaient s’empêcher de pleurer :

Et il eût eu le cœur bien dur, celui qui n'eut pas pleuré.