Pajenn:Cadic J.-M. - En Est - 4 En dornereah - RBV,1890.djvu/11

Eus Wikimammenn
Ar bajenn-mañ n’he deus ket ezhomm da vezañ adlennet.
219
LA MOISSON


Aussitôt on couvre l’aire de blé nouveau qu’on laisse encore chauffer au soleil pour être battu ensuite.

C’est ainsi qu’un fermier continue à travailler jusqu’à ce qu’il ait battu et ramassé tout son blé.


IV.


Quelle joie pour lui quand il se voit sur le point de finir, et qu’on va étendre sur l’aire la dernière gerbe !

Mais comment l’étendre ? Elle semble avoir pris racine dans la terre, et ce n’est qu’avec beaucoup de peine qu’on pourra l’en détacher. Chacun vient à son tour essayer ses forces sur cette gerbe : personne ne peut ni la déplacer, ni la bouger.

Cependant le maître vient lui-mème, et lui seul, plus fort que tous les autres, réussit à l’enlever.

Les batteurs applaudissent et poussent à la fois des cris joyeux qui réveillent tous les échos du pays.

Mais pour hien faire, le maître doit alors donner une chopine de cidre à chaque batteur.

Aussitôt on s’empresse de se remettre au travail, et, comme auparavant, on travaille avec ardeur.

Bientôt tout ce qui restait de blé est battu ; le grain est entassé dans l’aire à battre.

Mais alors, par là même qu’on a fini de battre, il y a joie et plaisir dans la maison.

Les batteurs se hâtent d’aller souper et, pleins d’ardeur, ils font, à table, la fête des fléaux.

Ce soir-là, pour tout le monde, le repas est plus abondant ; chacun est content et cause plus joyeusement ; quelquefois même, pendant qu’on est encore à table, on chante des chansons tout en buvant le cidre qui remplit tous les pichets.

On n’abuse point : cependant plus d’une fois on a entendu les batteurs chanter en s’en retournant chez eux.TOME IV. — SEPTEMBRE 1890. 15