est mis en gerbe, le font entasser dans le champ et l’y laissent quelques jours. Mais smnṖent ils sont attrapés par le mauvais temps ; souvent ils voient leurs meilleures récoltes se gâter et se perdre sous une pluie d’orage, toute leur paille dans le champ noircir par la pluie, et quelquefois même, ô douleur, leur grain germer.
Un fermier qui a donc soin de son blé, qui désire l’enserrer sec et le bien ramaeser, ne le laisse pas longtemps dehors, une fois mis en gerbes, mais s’erripresse de le faire transporter dans son aire à battre pour y être réuni en un grand tas, place le joug sur la tête de ses deux plus forts bœufs pour trainer au champ, sans retard, sa plus grande charrette.
Armé d’une fourche en fer à deux doigts et à long manche, le premier dommestique charge aussitôt le blé dans la voiture et travaille sans trève ni repos. Attelés à la voiture, les bœufs ruminent et se délassent en attendant que la charretée soit faite.
Cependant le soleil chauffe de tout côté, on voit tourbillonner les mouches qui, en bourdonnant, se lèvent, descendent et se jettent sur les bêtes. A peine les ont-ils entendues. que les bœufs épouvantés, la queue en l’air, s’apprêtent à courir au galop pour échapper au taon[1]. Mais un petit garçon, pour épouvanter les mouches, agite sans cesse une petite branche de feuillage au-dessus des deux bœufs.
VI
Quand la charretée est terminée et qu’elle est retenue solidement avec une forte corde, le domestique fait claquer son fouet, aiguillonne les bœufs avec une gaule et les force à tendre leurs cous.
La grande voiture s’ébranle. les bêtes sont essoufflées, l’essieu en chêne craque sous sa charge ; mais malgré la montée et les ornières du chemin, les bœufs vigoureux se jettent sur le timon, s’avancent à grands pas, traînent leur lourde charge, et bientôt, sans bourder ils arrivent dans l’aire à battre.
Le blé est aussitôt logé dans une grange, ou mis en un grand tas, dans un coin de l’aire à battre.
- ↑ C’est le nom de la mouche si redoutée des bêtes.
