II
Cependant, un laboureur, quand il s’est assuré qu’il est temps de couper et de récolter son blé, ne songe plus à prendre son repos, mais travaille toute la journée, du matin au soir.
Il ne doit plus craindre ni les frais ni les dépenses pour récolter plus vite et mieux ramasser son blé. Il cherchera avec soin, dans tout le canton, de nombreux moissonneurs pour l’aider.
Tous ils sont au grand champ, dès la pointe du jour, avant même que le soleil n’ait éclairé le sommet de la montagne.
Mais avant de se mettre au travail, chacun, sur la lisière du champ, fait, de cœur et d’esprit, sa prière pour honorer, comme il convient, le maitre de l’univers, le prier d’adoucir le rude labeur de la journée.
Ils se dépouillent alors de leurs vêtements les plus épais et ne conservent sur eux que les plus légers, pour être plus libres dans leurs mouvements, et bientôt on entend les faucilles résonner sous la pierre à aiguiser, car aucune faucille ne saurait couper si elle n’a été aiguisée.
Aussitôt ils se mettent à l’ouvrage, pleins d’ardeur, coupent, sans s’arrêter le blé par poignées, et, sans jamais mêler les épis avec les tiges, afin que la paille, séchant à la chaleur du soleil, puisse être ramassée plus vite, avant le mauvais temps, l’étendent derrière eux, en couches légères, au travers des sillons, comme une longue toile.
Cependant le soleil brille au haut du firmament et darde sans pitié ses rayons brûlants sur les pauvres moissonneurs. Depuis longtemps ils sont tout ruisselants de sueur ; leurs vêtements sont tout trempés, et pourtant, en dépit de la chaleur et de la sécheresse, tous ne pensent qu’à travailler.
Ils ne s’arrêtent que pour fumer et, pendant toute la matinée, ils travaillent eur. en avec ardeur.
Non loin d’eux, l’alouette, en chantant joyeusement, s’élève dans les airs et monte jusqu’aux nues; perchée au haut d’un chêne du un pommier, l’agréable tourterelle reelit sa chanson.
Mais c’est en vain qu’elles chantent, qu’elles embellissent leurs chansons : personne ne les regarde, personne ne les écoute.
